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Le paranormal et la science

Le 17/11/2017

Le paranormal et la science
Voir le texte de métaphysique qui pose les bases des concepts développés ici

Sommaire


•La porte ouverte par la physique quantique
•Nature de l'action de l'esprit observateur sur la matière; sa compatibilité avec les lois de la physique
•Quelques exemples concrets, en bref
•Le spiritisme (tables tournantes) et la lévitation
•A propos de la méthode scientifique
•Une solide direction: les expériences de mort imminente et autres expériences connexes

(et en vue pour la suite sur une page séparée: A propos du rôle des sceptiques)

La porte ouverte par la physique quantique
Le monde physique n'existe pas seul, son existence repose sur et consiste en le fait d'être observé par l'esprit, celui de tout observateur ou créature vivante dont la nature transcende celle des objets physiques. Cette intuition métaphysique fondamentale est confirmée et précisée par la physique quantique, indiquant de quelle manière précise les systèmes physiques sont affectés dans leur réalité par l'observation qui en est faite, ce qui est en toute vraisemblance le moyen par lequel l'esprit peut agir sur la matière, et en particulier par lequel chacun de nous, en tant qu'esprit immatériel, peut excercer ses décisions sur son cerveau.
 Pour ceux qui ne la connaissent pas, nous allons ici faire un bref expose de ces notions, afin de préciser comment, en principe, les miracles peuvent se produire, mais qu'il existe une distinction a faire entre différents degrés de possibilités des miracles.
La physique quantique présente le comportement des systèmes physiques alternativement suivant deux modes différents et complémentaires. Le premier décrit le comportement des systèmes physiques livrés à eux-mêmes de facon isolée, en l'absence de toute observation. Ce comportement est entièrement déterministe. Cependant il ne ressemble pas à ce qui serait observable en pratique. Le deuxième mode décrit l'acte d'observation, dont le résultat est indétermiste, suivant une loi de probabilité donnee qu'on sait calculer en fonction des résultats du comportement suivant le premier mode.
 Et, cette indétermination vient du fait que le comportement déterministe du système aboutit régulièrement à des états qui ne ressemblent à aucun état du style de ceux qui ressemblent à quelque chose tel qu'on pourrait observer en pratique, mais à des états "intermédiaires" entre plusieurs tels états. Or, il n'y a aucun principe physique vraiment rigoureux qui puisse distinguer effectivement quand et comment un état physique donné serait à qualifier d'état "pur" d'un point de vue observable, ou au contraire doit être interprété comme étant une combinaison de plusieurs possibilités. Cela ne "se produit" pas au niveau élementaire, mais seulement d'une maniere floue appelée "décohérence", tenant au fait qu'on considère un système d'un grand nombre de particules, ce qui permet de faire des approximations. Parmi ces approximations se trouve le fait qu'il est de plus en plus irréaliste d'envisager que la suite de l'expérience puisse ramener un certain état vu comme composite, sous une forme qui redevienne observable en tant que telle (d'une manière qui le distingue de ce que serait une distribution de probabilités sur les différents états possibles en lesquels il était vu comme décomposé).


Ainsi, "au niveau élémentaire" des lois de la physique à strictement parler, il n'y a pas d'observation, mais seulement une évolution déterministe; et le fait que l'observation donne au hasard une seule des possibilités observables et non de façon déterministe une combinaison d'entre elles qui perdure (une combinaison linéaire des états possibles de l'observateur, qu'on pourrait interpréter comme n'étant que plus tard ramené à une somme de probabilités classiques en étant "observée par quelqu'un d'autre"), n'est pas une propriété intrinsèque (rigoureuse) du monde physique. C'est une propriéte parachutée de l'extérieur, par l'acte d'observation (même si en un autre sens il se trouve que cette propriété d'observation se fait dans le contexte de l'implication d'un grand nombre de particules qui rendant cette observation pratiquement irréversible en détermine l'effet observable d'une manière que la pure théorie permet à la limite de définir avec ses lois de probabilités, sans faire intervenir de principes étrangers).


On peut également montrer, ou du moins montrer qu'il y a une forte indication au vu de la théorie, que le résultat de ce hasard qui apparaît lors de l'observation (passage d'une liste de possibilités avec leurs probabilités respectives, à un seul résultat réel effectif) n'est pas la découverte d'une propriété de l'état du système tel qu'il était réellement bien que de façon cachée ou inconnue avant l'observation, mais que ce résultat est produit par l'observation elle-même.


Nature de l'action de l'esprit observateur sur la matière; sa compatibilité avec les lois de la physique


Ainsi, c'est l'esprit qui par l'acte d'observation "interprète" l'état d'un système comme étant une combinaison de possibilités avec leurs probabilités respectives (ou plutôt qui distingue parmi les possibles la liste de ce qu'il verrait comme observations possibles; puis voit se réaliser un seul résultat, sans savoir si l'état observé est exactement l'état avant observation ou un qui s'en écarte, autrement dit on ne peut pas savoir quelle était avant l'observation la probabilité d'observer ce qu'on a finalement observé), et c'est l'esprit qui "réalise" (rend réelle) la possibilité qu'il observe. Ceci indique une possibilité de principe par laquelle l'esprit pourrait agir sur la matière en choisissant le résultat d'une observation au lieu de le subir, faussant ainsi les lois de probabilité.


Rigoureusement parlant, il ne s'agit pas d'une violation des lois de la physique, ni même des lois de la probabilité.
 En effet, rigoureusement parlant, le concept de respect des lois de probabilités par la réalité n'a aucun sens, pour la raison suivante:

Des lois de probabilité données disent quelles sont les possibilités de résultat, mais non quel sera le résultat effectivement. Quel que soit le résultat effectivement obtenu qui était de probabilité non nulle, on ne pourra jamais dire que les lois de la probabilités sont violées. Démonstration par l'absurde: dans le cas contraire, la réalisation de possibilités peu probables seraient considérée comme violation des lois de la probabilité. Mais suivant un tel concept, sous l'hypothèse du respect rigoureux des lois de probabilités données, il y aurait une probabilité non nulle pour que les lois de probabilité soient violées. Mais cela est absurde: le respect d'une loi ne saurait être rigoureusement considéré comme pouvant éventuellement entraîner une violation de cette même loi.


Et si on passait à la loi des grands nombres ?

On pourrait se dire : oui mais les lois de probabilité retrouvent un sens lorsqu'on invoque un grand nombre d'occurences d'une même expérience. Bien. Cela ne fait de diminuer astronomiquement la chance d'un comportement donné, ce qui asymptotiquement se rapproche d'une impossibilité. En un sens on pourrait répondre que cela ne change rien sur le fond du principe: toute combinaison du Loto n'a qu'une infime chance de tomber, et pourtant il faut bien qu'une certaine combinaison tombe. Aussi, l'esprit pouvant avoir ses caprices échappant à toute loi, ses choix peuvent éventuellement être "du point de vue de la matière" qui ne comprend rien à la liberté de l'esprit, toujours passer pour une sorte de comportement aléatoire.
 Et puis, l'hypothèse à la base du concept de vérification d'une loi de probabilité, à savoir la répétition d'un même état initial pour faire une statistique sur les états finaux, n'a plus cours au niveau de la conscience: un être conscient ne revient jamais deux fois dans un même état, et entre deux êtres conscients se trouve toujours une dissemblance, de sorte que cela n'a aucun sens de faire une loi de probabilité sur le comportement d'une conscience, puisque malgré le grand nombre d'expériences, chacune d'entre elles est unique et non répétable.


Classification des miracles suivant leur degré de possibilité

Je distinguerais trois sortes de miracles:

- Les miracles possibles, qui du point de vue de la physique quantique sont seulement des phénomènes classifiés improbables (de probabilité faible mais non nulle). Par exemple, une diminution d'entropie est un miracle possible. Le fait qu'il soit rigoureusement possible n'enlève rien à son caractère fondamentalement miraculeux, à cause de la valeur astronomiquement faible de sa probabilité (de l'ordre de l'exponentielle de moins le nombre d'Avogadro dans le cas d'une diminution d'entropie). Je parle d'un caractère d'improbabilité qui serait irréductible, c'est-à-dire qu'il est rigoureusement impossible de préparer des conditions physiques qui permettent, conformément aux lois de la physique, d'en favoriser la réalisation (rendre la probabilité moins insignifiante). En particulier, la méthode qui consisterait à ne retenir que les résultats souhaités et oublier les autres ne fonctionnerait pas parce que les cas d'échec seraient irréductiblement encombrants (par exemple dans le cas où on cherche une diminution d'entropie, les tentatives auront pour effet de très probablement augmenter l'entropie en plus grande quantité).


- Les miracles impossibles mais concevables. C'est-à-dire ayant une probabilité rigoureusement nulle mais ne constituant une violation des lois de la physique que de manière locale. Par exemple une désintégration du proton en positon et photons, si les lois de la physique présentaient ce phénomène comme impossible.


- Les miracles mathématiquement impossibles, car entraînant des incohérences logiques dans la description (et l'existence même) de l'état de l'espace alentour. Par exemple une violation de la conservation de l'énergie, qui contredit un théorème géométrique en relativité générale, ou une violation de la conservation de la charge électrique, qui contredit un théorème d'électromagnétisme. Ainsi, si comme il le semble la multiplication des pains par Jésus constitue une création de masse violant la conservation de la masse, cela provoque logiquement une anomalie dans la géométrie de l'espace-temps, en un lieu qui suivra exactement la trace d'une compensation par une ombre correspondante (dont le comportement n'est pas précisé), celle d'un défaut de masse (ou masse négative) correspondant au creux laissé par la masse apparue, qui perdurera tant qu'elle n'aura pas trouvé compensation (une masse positive à laquelle s'annihiler). Mais en discutant une fois avec des chrétiens évangéliques, cela ne semblait nullement les perturber: leur Dieu est bien tout-puissant au point d'être sans problème capable de violer les théorèmes mathématiques. Ainsi, en leur demandant si Dieu est capable de faire que 2 et 2 fasse 5, ou de dessiner un cercle carré, leur réponse sera oui.
 On peut encore souligner la mesure considérable de l'absurdité que représente la conception d'une telle masse négative (en tant qu'ombre résiduelle conséquence logique nécessaire de la création d'une masse apparente là où il n'y en avait pas) à la lumière de l'hypothèse où un trou noir passerait à proximité : l'entropie d'un trou noir étant proportionnelle à son aire, et le rayon d'un trou noir étant proportionnel à sa masse, la croissance de l'entropie due à la chute d'une masse dans un trou noir est proportionnelle au produit des masses du trou noir et de l'objet qui tombe dedans. Si donc une masse négative tombait dans un trou noir, cela entraînerait une diminution d'entropie proportionnelle à la masse d'un trou noir. Comme il n'y a aucune limité théorique à la masse d'un trou noir, cela signifie qu'une masse négative finie donnée constitue déjà un réservoir de décroissance d'entropie potentiellement infini. Relativement beaucoup plus concevable serait la matérialisation d'une concentration préalable de masse, au pire de la masse cachée de l'univers, ou déjà plus raisonnablement (mais encore trop peu à mon sens) de constituants des gaz de l'air. De façon générale, au vu des lois de la physique, j'estime que pour des raisons de nécessaire cohérence mathématique les lois de conservation de l'énergie et de l'impulsion doivent être tenues pour inviolables, y compris par les phénomènes miraculeux.


Dans toute la suite nous excluerons toute considération des miracles les plus impossibles (deuxième et troisième type), et ne retiendrons comme raisonnables que les miracles du premier type, liés à la mesure quantique.

On pourrait à la limite rajouter un autre type de miracles encore, qui consisterait dans l'utilisation de subtilités encore inconnues dans les lois de la physique, et dont la possibilité se découvrirait lors d'une prochaîne révolution de la physique théorique (dimensions supplémentaires liées aux supercordes ou autres gravitations quantiques). Cela ne ferait que reculer le problème, puisque c'est de l'action originale de la conscience avec son caractère non rationalisable (cf métaphysique) dont il nous faut rendre compte. Et pour cela, le truchement de la mesure quantique est bien la voie la plus pertinente.


Quelques exemples concrets, en bref


La conscience ordinaire


Le premier exemple de phénomène miraculeux au sens que nous venons de définir, c'est bien sûr, d'après le point de vue métaphysique indiqué, celui de la conscience elle-même dans son exercice ordinaire. S'il n'est pas facile à mettre en évidence, ce n'est pas parce qu'il ne se produit pas souvent, mais au contraire parce qu'il se produit quasiment toujours en sorte qu'il n'est pas évident de le comparer à son absence pour montrer son caractère effectivement miraculeux.


Pourtant, il existe bien comme il se doit des situations où la conscience s'absente, de sorte que le corps perd son comportement miraculeux ordinaire dit "conscient" sans qu'une cause physique puisse en être identifiée, pour adopter un comportement non miraculeux, autrement dit inconscient: c'est bien connu et cela s'appelle le coma (ou plus précisément un certain type de coma, comme il m'a semblé facile d'interpréter un jour où j'ai lu la description des différents types de coma...).
 Dès lors, certains phénomènes paranormaux comme celui de la télépathie n'ont rigoureusement nul besoin impératif d'une explication physique, puisqu'ils n'affectent que la conscience, qui est immatérielle, avant que le libre arbitre de celle-ci ne s'exerce sur la matière dans son exercice ordinaire.


En bref, mes positions sur des exemples classiques
Voici mon avis sur la véracité ou la réalité de chacun des phénomènes suivants, au-delà des causes physiques ordinaires (trucages, biais méthodologiques et autres):

 Je ne crois pas à:
•Astrologie
•Créationisme et intelligence design (sans vouloir non plus postuler qu'il n'y a pas d'intelligent design, cela n'a aucun sens pour moi d'en supposer a priori un quelconque degré d'importance, encore moins de le défendre: c'est à l'observation de trancher)

•Homéopathie

•Numérologie
•Crop circles
•Psychanalyse (pertinence de son discours)
•Matérialisation (au sens réel; par contre, en un sens d'apparition virtuelle d'une personne à une autre personne, pourquoi pas)

 

Je n'ai pas d'opinion sur les Ovni et ça ne m'empêche pas de dormir.
 Par contre je crois, sur l'existence d'au moins certains cas authentiquement paranormaux parmi ceux rapportés, concernant :
•Perceptions extra-sensorielles
•Parapsychologie (perceptions extra-sensorielles et psychokinèse) (euh, la question de la précognition soulève le problème de la détermination de l'avenir; mais dans le cas où les dés sont jetés d'avance, ça me semblerait envisageable, car explicable notamment par les prévisions faites par des esprits désincarnés qui influencent les gens)
•Sorties du corps, expérience de mort imminente
•Spiritisme: voir plus bas
•Hypnose: que ce phénomène repose sur des mécanismes d'ordre paranormal, à savoir notamment une altération de la relation entre l'âme et le cerveau, autrement dit ses effets ne sont pas correctement explicables par des processus uniquement neurologiques (de fait il reste actuellement un mystère pour la science)

Les guérisons par impositions des mains
Ma soeur pratique cela sur elle-même couramment, et dit que ça marche. Cela me semble donc plausible. Par exemple en mettant la main au-dessus d'une blessure ou autre.

 Il m'est arrivé de rares fois (2 ou 3 fois) que quelqu'un me propose de me soigner ainsi. Mais après m'y être légèrement plié par politesse, j'ai rapidement refusé.
 La sensation reçue ainsi me suggère que probablement il se passe réellement quelque chose. Cependant, dans les situations auxquelles j'ai eu affaire cela ne m'inspirait guère confiance:
•Cette sensation en elle-même ne m'inspire pas confiance;
•Les lieux d'application me semblent louches: le fait que le lieu d'application n'ait eu, dans ce qui m'a été proposé, visiblement rien à voir avec le lieu du problème à traiter. En particulier lorsque des passes m'ont été faites du côté de la nuque et de la tête, que je considère comme des parties de corps trop personnelles, par rapport à la nature du problème qui en était éloigné et que je considère plus technique ou accessoire. Je m'interroge sur les motifs qui amènent ces gens à faire ainsi: cela semble plus l'obéissance à une suggestion par des esprits désincarnés que l'application d'une méthode scientifique. Si donc ces esprits leur dictent certains mouvements, il reste à en savoir la motivation: prendre un pouvoir sur les gens ? Oui bon en cela je reprends d'une certaine manière la conception chrétienne (interventions de démons), mais, sans pour autant y voir un mal absolu, il ne reste pas moins que l'usage d'un esprit critique me semble opportun, et en particulier s'abstenir de croire automatiquement que tout ce qui est mystérieux est forcément bon et que tous les esprits occultes sont des anges.

•Le discours associé à ces manipulations me semble louche également : ces gens prétendent agir sur la cause profonde du mal, se posant en cela au-dessus de la science qui, d'après eux, n'agirait que sur les symptomes. Mais tenir ce genre de discours alors qu'on n'est soi-même qu'un amateur dans cette pratique, sans idée précise, ni du contenu réel de l'action effectuée, ni de pourquoi cela est efficace (dont la compréhension des "causes intermédiaires" sur lesquelles elle est sensée agir, objets de la science standard), me paraît grotesque.


La radiesthésie
Je connais des gens qui retrouvent des objets perdus dans une maison à l'aide d'un pendule (de quelques centimètres de long, donc aux oscillations rapides), soit en se promenant concrètement avec le pendule dans la maison, soit en promenant le pendule au-dessus d'un croquis représentant les différentes pièces de la maison (la "représentation" étant de nature d'ailleurs moins visuelle que verbale, avec les noms  des pièces écrits dessus); ceci se généralise à une liste d'hypothèses abstraites, le croquis ne ressemblant pas forcément visuellement aux lieux explorés mais pouvant consister en liste de mots dans des bulles représentant les différentes hypothèses. Par exemple ils ont pu retrouver à distance à l'aide de croquis les clés égarées dans la maison de leurs amis.
 La nature physique de la force en jeu n'est pas précisée. D'après mon observation de les avoir vu faire, cela semble être une action de l'esprit sur les tremblements de la main dont dépendent les mouvements du pendule. D'après les témoignages, ça marche plutôt bien (certes seulement avec les personnes "douées" au sens d'un don de type médiumnique, et il n'y a pas non plus de garantie à 100%). Une fois par hasard j'ai assisté à une recherche. On ne cherchait pas à prouver quoi que ce soit à qui que ce soit, on cherchait seulement l'horaire de train. Le pendule s'est agité devant l'ordinateur. Bien sûr l'horaire peut se trouver sur internet. Les esprits ont de l'humour...

Le spiritisme (tables tournantes) et la lévitation

Ma mère et un certain nombre de proches (de la famille et d'amis) ont fait tourner les tables un certain nombre de fois, il y a de cela longtemps (je me souviens vaguement d'avoir vu faire ça, et d'y avoir même participé une ou deux fois, quand j'étais petit). Je ne peux pas en rapporter moi-même un témoignage assez précis, mais je fais confiance à ma mère (et ma soeur) quant à la description de ce qui a pu se passer. Voici:

 Il s'agissait d'une table en bois (de préférence petite, du genre 50 cm de haut et de côté, mais cela pouvait aussi fonctionner avec une grande table).
 A plusieurs personnes en général (sauf exceptions), on mettait les mains légèrement au-dessus de la table (quelques centimètres au-dessus: sans la toucher, donc). Au bout de quelques minutes, elle se mettait à craquer (comme les craquements qu'entraîneraient des changements de température), tandis qu'on ressentait de légères sensations dans les mains (une sorte de petite chaleur ou électrisation, mais pas de poussée). Puis la table se mettait à avancer, sans qu'on la touche.

 Il lui arrivait même de se soulever un peu (soulever les deux pieds d'un côté pour reposer sur les deux autres), toujours sans qu'on la touche avec les mains, mais pour cela il valait mieux l'aider en faisant buttoir par les pieds devant les pieds de la table qui se maintiendront au seul: donc, cela ne fournit clairement pas l'énergie nécessaire au soulèvement.

 Aussi, dans cette expérience il vaut mieux ne pas porter de bague aux doigts, car il a été observé que les bagues portées lors d'une telle expérience se mettent à chauffer, privant donc la table d'une partie de son énergie, gênant donc son mouvement.

 Cela était fait généralement dans la bonne humeur; cependant, le phénomène lui-même (les impressions engendrées) faisaient peur, de sorte qu'à la fin de cette aventure on n'eut désormais nulle envie de recommencer.

 La présence de certaines personnes n'aimant pas cela (par exemple mon père), empêchait le phénomène de se produire. Ce fut une influence sentimentale, non une influence liée à une quelconque affaire de contrôle d'authenticité du phénomène, puisque la situation (le fait que le phénomène était réel car personne ne trichait) n'était pas moins claire à ceux qui pratiquaient la chose qu'à ceux dont la présence l'empêchait de se produire. Je répète pour que ce soit bien clair, ce qui gênait la réalisation du phénomène, c'était bien précisément la présence des gens qui n'aimaient pas ça parce que, sachant parfaitement que c'était réel, cette réalité les dérangeait, moralement ou sentimentalement (jusqu'à ce qu'à la fin, comme je disais, ça déplaise à tout le monde, de sorte que plus personne ne veuille recommencer); ces gens qui dérangeaient n'avaient nullement plus spécialement que les autres le projet de procédér à une quelconque inspection d'éventuels trucages (pour quoi faire, alors qu'il était déjà clair et évident à tous qu'il n'y en avait pas ?).

 Parmi les personnes que nous connaissions pratiquant cela, il y en avait une qui rapportait qu'en le pratiquant toute seule chez elle cela fonctionnait, et pourtant elle n'y croyait pas (comme quoi l'humain n'est pas toujours rationnel, ses croyances "rationalistes" comme les qualifieraient certains, pouvant très bien subsister à une réfutation flagrante).
 
 Pour compléter ce tableau et tenter une fois de plus de prévenir toute interprétation insensée, je signalerai également que ma mère n'est ni folle ni farfelue, elle a au contraitre parfaitement les pieds sur terre (elle a un sens fort, dirais-je lourd, des réalités et responsabilités terre-à-terre), bien plus que mon père (doux rêveur).
 Parmi tous les gens impliqués ou au courant de l'affaire, il était clair à tous que cela était réel et qu'il n'y avait aucun trucage, au vu des circonstances. Faut pas prendre les gens pour des cons enfin, il est trop facile d'imaginer abstraitement l'hypothèse d'un trucage, et très facilement cette idée aurait circulé, voire se serait imposée, si jamais elle avait été plausible. Vue la manière dont les choses se passaient, une telle hypothèse s'avérait manifestement ridicule, impensable, mille fois plus absurde que tout phénomène paranormal lui-même, clairement incompatible avec les détails des observations, et aussi avec les caractères des gens: qui donc aurait voulu faire une farce en bougeant la table lui-même ? Personne n'a été observé à le faire, et on se connaissait bien, il n'y avait personne qui aurait eu un caractère de farceur du genre à le faire, d'autant plus que ça aurait été bien difficile (notamment de faire craquer les tables et chauffer les bagues, sans que personne ne s'aperçoive de la supercherie). Aussi, comme cela ne se passait pas toujours dans les mêmes groupes de personnes, il aurait fallu un certain nombre de tricheurs: idée encore plus ridicule.

 Ceci dit, je ne force personne à me croire. S'il y a des gens qui veulent croire que je raconte des sornettes ou que je me laisse ainsi berner par des sornettes, libre à eux, c'est leur problème qui ne me regarde pas. Je ne peux pas venir prouver aux gens que ma mère et les gens qui ont pratiqué cela avec ou sans elle ne sont pas des fous, que leur témoignage est fiable, et que, étant donné ce que je sais, il serait éminemment absurde et débile de ma part de considérer que l'hypothèse d'un trucage ou d'une erreur d'appréciation (autrement dit l'hypothèse d'une quelconque cause de cette histoire autre qu'un réel pouvoir des esprits invisibles à faire bouger les tables), aurait la moindre chance d'être vraie. Je le sais simplement et cela me suffit.

 Tout ceci n'enlève rien au fait que, en vertu des lois physiques, la conservation de la quantité de mouvement (au même titre que celle de l'énergie) est un théorème mathématique auquel il n'y a aucun échappatoire possible.
 Pourtant, si un phénomène semble étrange au vu des lois de la physique, il n'y a aucun sens à dire que ces lois ne s'appliquent plus et doivent être oubliées.
 Au contraire. Car quels que soient les phénomènes, étranges ou non, l'univers physique continue d'exister, et est donc descriptible dans le langage de la physique. Et il est d'autant plus intéressant d'examiner en détails un phénomène du point de vue physique, que ce phénomène semble en défier les lois.

 J'ai lu sur internet (précisément le forum de l'association CASAR, forum qui n'a eu qu'une très courte durée de vie, sans doute à cause de la pertinence de mes réponses en discordance avec son mode d'esprit paranoïaque, dont ma critique de Philippe Viola), une liste de récits de phénomènes de lévitation paranormale. Il était également fait mention de cas d'effet opposé, où des objets étaient miraculeusement cloués au sol.
 Il ne m'intéresse pas de discuter si ces phénomènes étaient ou non réels. Je ne vois guère de raison de douter de leur réalité, surtout sachant, comme je viens de le dire, que les tables tournantes existent, et ne voyant aucune différence fondamentale entre les deux types de phénomènes; mais il ne m'appartient pas non plus de défendre la réalité d'un récit particulier rapporté par d'autres et dont je ne suis pas responsable. Vu le nombre de ces récits, je trouve plausible qu'il y en ait au moins quelques-uns parmi eux qui soient réels.
 Ce qui m'intéresse là-dedans, c'est de voir si je peux faire avancer le schmilblick par une interprétation physique de ces phénomènes.
 Et voici: au vu des différents exemples dont j'ai pu avoir connaissance, et au vu des lois de la physique que je connais, et de la nature des modes d'action possibles de l'esprit sur la matière que suggèrent les considérations plus haut (hasard quantique), l'interprétation la plus plausible de ces phénomènes me semble être la suivante:
 Cette action paranormale des esprits sur la matière ne serait pas directement une action mécanique (ce que confirment les expériences de ces âmes novices de gens qui lors d'une expérience de mort imminente voudraient parfois pousser des objets "à la main" et s'en trouvent incapables); mais c'est une opération de magnétisation (et/ou éventuellement électrisation) des objets (au moins la table, et probablement aussi le sol comme support d'interaction); à partir de quoi le mouvement mécanique des objets qui intervient n'est autre que celui provoqué par la force électromagnétique ordinaire, entre la table et le sol. Ainsi le mouvement lui-même est naturel, conforme aux lois de l'électromagnétisme, tandis que le phénomène paranormal en jeu est celui d'une acquisition anormale de propriétés électromagnétiques (genre polarisations magnétiques des atomes), par des objets qui n'ont pas naturellement de telles propriétés.
 (Remarque: dans le cas de forces intenses comme celles en jeu dans la lévitation, il me semble que ce doit forcément être une force à dominante magnétique, puisqu'une force électrique serait insuffisante dans les limites à respecter pour éviter le risque de provoquer une décharge).
 L'effet de craquement dans ces conditions est bien compréhensible: la polarisation magnétique des atomes modifie légèrement leur géométrie, et entraîne des tensions (légères dilatations ou contractions orientées) dans le matériau.

 Donc ceci est un appel à vérification physique: si jamais vous avez l'occasion d'être confrontés à des phénomènes de lévitations ou tables qui tournent, approchez un peu un détecteur de champ électromagnétique (voire une simple boussole) pour voir si un effet y est détecté au cours du mouvement (à moins que la magnétisation soit de forme alternative, empêchant la détection par une boussole laquelle n'est sensible qu'à un champ continu, mais cela m'étonnerait un peu quand même).

A propos de la méthode scientifique
Dois-je rappeler que je suis fondamentalement attaché à la méthode scientifique.
 Mais je rappellerais aussi que j'entends ce terme, non comme enfermé dans des règles rigides fixées au départ une fois pour toutes, mais comme quelque chose de souple et de continuellement innovant pour s'adapter aux différentes sortes de situations auxquelles on aura affaire dans la réalité. Et surtout, quelque chose de fondamentalement dissocié d'un dogme métaphysique a priori, comme par exemple le dogme matérialiste. Bien au contraire, une démarche scientifique digne de ce nom est une démarche qui cherche à tester et comparer l'accord avec l'expérience, de différents dogmes opposés.
 Ainsi par exemple, les motifs exposés ci-dessus de ma certitude en l'existence du paranomal ne relèvent pas d'une application longue et soigneuse d'une méthode scientifique élaborée, mais plutôt d'une observation directe ou du moins quelque chose qui s'en approche (je veux dire que je trouve ces motifs suffisants en eux-mêmes, ce qui ne m'empêche pas d'avoir d'autres motifs par ailleurs, en particulier métaphysiques comme j'ai déjà indiqué). Ce n'est donc pas "scientifique" au sens de la haute complexité généralement recouvert par ce terme, mais ce n'est pour autant ni pseudo-scientifique, ni anti-scientifique. Ce n'est qu'un cas particulier trivial d'observation directe à quoi aussi bien l'esprit scientifique que l'évidence du sens commun doivent immédiatement se rendre. Cependant il reste un beau problème de communication assez ubuesque, face au nombre important de travaux scientifiques qui ont été faits sur le sujet: or, bien qu'un grand nombre d'entre eux aient déjà largement prouvé la réalité du paranormal, il reste un grand nombre de scientifiques qui trouvent encore le moyen de n'être pas convaincus , faute d'être témoins directs de choses effectivement assez rares mais dont, moi comme d'ailleurs sûrement beaucoup de monde dont on ne parle guère dans les journaux scientifiques, avons été témoins.
 Eh bien, j'en suis profondément désolé pour eux; il n'en reste pas moins que les phénomènes paranormaux existent bien (en tant que déviations réelles de certains phénomènes physiques sous l'influence des esprits relativement aux comportements de probabilité "raisonnables" qui résulteraient des lois de la physique). Dans le langage de la finance, une telle situation ressemblerait à ce qui s'appelle un délit d'initié. A une différence près: c'est que les initiés sont nombreux, et ils ne cachent rien, et si une certaine majorité dominante (qui n'est en fait pas si représentative de la communauté scientifique qu'elle ne le prétend) ne les croit pas c'est uniquement parce qu'elle a des difficultés à les entendre.

 Je n'ai effectivement pas de quoi en être fier, car je n'ai ici aucune espèce de mérite, dans la chance qu'il m'a été donné d'être au courant de ces phénomènes.
 Et ceux qui ne croient pas au paranormal pour n'avoir pas eu l'occasion d'en être témoins ni d'en connaître une preuve, n'ont guère de tort non plus. La situation est à qualifier de très regrettable accident.
 Du moins en principe, car en pratique cela se discute, puisqu'il semble bien y avoir de telles preuves qui ne demandent qu'à être examinées, de sorte que l'avis des sceptiques qui concluent à l'inexistence du paranormal traduit bien plus, d'une part leur attachement "plus fort qu'eux" au dogme matérialiste, d'autre part un reflexe de doute hyperbolique (jusqu'a une sorte de paranoia imaginant que tous les temoins doivent etre des fous...) face a quoi que ce soit qui le remettrait en cause...
 Voir Les liens a ce sujet.
 Note: voir aussi une réponse zététique sur certaines données de la parapsychologie, en particulier la méta-analyse. Je n'ai rien vérifié sur les éléments du débat. Néanmoins ça me semble un peu court comme manière de tout balayer sans examen: concernant les cartes pipées je n'ai pas vu considérées les expériences avec des cartes parmi les preuves cruciales; pour la méta-analyse je ne sais pas mais vu le nombre de personnes qui travaillent sur le sujet et incluant des sceptiques je doute fort qu'une erreur aussi grossière puisse être à la base de tout; de fait il est clair qu'il y a pour moi bien d'autres raisons solides de conclure à l'existence du paranormal que celles-là. De toute manière il ne m'appartient pas en effet de juger des résultats publiés par d'autres, seulement d'apporter le témoignage de mes proches qu'il m'est donné d'avoir (plus haut), qui avec d'autres discussions directes que j'ai pu avoir avec des personnes sorties de leur corps ou autres expériences que je ne citerai pas, et mes réflexions métaphysiques, me semblent clairement suffisants pour conclure, sans avoir besoin de dépendre de publications extérieures.

 Alors je m'interroge, sur la question de savoir comment il se fait que de nombreuses personnes encore aujourd'hui croient qu'il n'y a pas de preuve d'existence du paranormal.
 Et j'ai un petit soupçon: j'ai l'impression que cette situation ressemble à celle que j'ai rencontrée avec les chrétiens, sur la question de savoir comment il se fait que de nombreux chrétiens affirment qu'il n'y a aucune réfutation de la doctrine évangélique, et en particulier de l'historicité des évangiles ou de l'inspiration (révélation) divine de la Bible, alors que personnellement il me semble en avoir trouvé plus que largement.

 La méthode est simple: d'abord on a une vision du monde dans laquelle la vérité nécessaire est bien précise, tandis que son contraire apparait impensable dans ce cadre. Dès lors il est absurde de penser que cette vérité ait été réfutée. Par conséquent, elle ne peut pas l'avoir été, donc ceux qui prétendent l'avoir réfuté ne peuvent pas avoir étudié correctement la question, ce ne peut être que des pseudo-scientifiques, idiots aux idées foireuses qui ne savent pas réfléchir. Un peu, on en regarde quelques-uns qu'on trouve médiocres (et effectivement il s'en trouve réellement de médiocres). Puis on conclut vite fait qu'on a fait le tour, on est fatigué et on ne voit plus l'intérêt de continuer à examiner les preuves. Dès lors, au moindre début d'argument qu'ils présenteront, l'interprétation la plus stupide en sera forcément la bonne, et permettra de ne pas aller voir plus loin. Par exemple, l'hypothèse que les tenants du psy auraient oublié qu'une coïncidence du hasard peut toujours se produire quelquefois par chance et ne font que retenir les cas exceptionnels où ça marche parmi un grand nombre de tentatives passées sous silence, explication affirmée d'emblée comme certitude sans même vérifier si cela correspond ou non à la réalité - comme j'ai un jour vu cela fait et réfuté en flagrand délit à la télévision lors d'une émission sur la voyance: ceci s'appelle prendre l'interlocuteur pour un imbécile en guise d'argument.

 On peut aussi contempler l'articulation logique du propos suivant trouvé ici: "la croyance s’est répandue que les NDE pourraient apporter une preuve de l’existence de l’au-delà. Cette rumeur a eu comme conséquence immédiate et regrettable d’écarter beaucoup de scientifiques de ce sujet de recherche."

 Bien sûr, si vous avez d'autres explications plus honorables pour les sceptiques (euh, la mienne ne l'est-elle pas assez ?), ou bien sûr plus proches de vos observations, vous pouvez toujours m'en faire part.
 De plus, je reconnais volontiers que la réelle prolifération de charlatans ou de naïfs s'abusant eux-mêmes autour du paranormal, voire l'encore plus regrettable attitude de ceux qui sincèrement se croient avisés de défendre à corps et à cris, en criant au complot de l'establishment, pèle-mèle, un ensemble de gens aux idées marginales dont certains sont de réelle valeur et d'autres ne sont que des fous paranoïaques, n'aide pas à mettre de l'ordre dans cette affaire. Je pense ainsi au responsable de l'association CASAR qui n'avait rien trouvé de mieux pour mettre faire valoir les phénomènes paranormaux que de mettre en avant les idées de Philippe Viola. Je pense aussi à la relativité complexe de Jean Charon. Je pense aussi au regrettable succès auprès de certains défenseurs des NDE des théories abracadabrantesques de Régis Dutheil.

 C'est triste de voir comment ils imaginent pouvoir donner plus de crédit aux expériences incomprises qu'ils tentent de faire reconnaître, en leur joignant des interprétations encore bien plus folles, vaseuses et invraisemblables, mais qui à eux semblent raisonnables parce qu'ils n'ont pas les compétences de physiciens qui permettraient de discerner ce fait: ainsi ils se manifestent dans ce domaine scientifique qui n'est pas le leur où ils s'aventurent malencontreusement en désespoir de cause, comme des gogos qu'ils n'étaient pourtant pas (du moins pas tant que ça) dans le domaine de leur motivation fondamentale, se croyant les plus malins au prétexte que leurs contradicteurs ont effectivement raté quelque chose, et aboutissent donc à l'effet contraire de celui recherché.
 Car la possiblité, pour qui n'a pas de solides connaissances en physique, d'inventer autant d'idées fantaisistes qu'on veut qui, dans un langage vulgarisé, auront l'air de pouvoir sous-tendre n'importe quels univers fantasmatiques aux phénomènes inconnus et mystérieux en plus de ceux habituels, ne saurait être une nouvelle pour aucun scientifique sérieux; le seul vrai problème qui peut intéresser les scientifiques, étant de trouver précisément une bonne théorie qui, non seulement est en accord avec la physique actuelle de manière suffisamment exacte pour ne pas contredire la masse gigantesque des vérifications établies de cette physique, mais aussi décrirait précisément correctement au moins un phénomène supplémentaire qu'il resterait par ailleurs à observer et préciser expérimentalement...

 Ces inventeurs de théories comme Régis Dutheil ou Jean Charon me semblent suivre une démarche du style: le monde spirituel défie la raison, donc pour aborder le monde spirituel je vais faire une théorie déraisonnable, une théorie de l'absurde, j'aurai ainsi toutes mes chances d'être dans le vrai. Pour cela, yaka prendre tout ce qu'on peut trouver d'habituellement vu comme bon sens, cohérence, vérité universelle raisonnable ou postulat, pour en prendre l'exact contre-pied. On dit que l'entropie augmente toujours ? Je vais donc postuler un espace dual où elle diminue toujours, ça doit être un espace très spirituel. On dit que les particules vont toujours moins vite que la lumière ? Je vais faire l'hypothèse contraire, en regardant des particules hypothétiques (tachyons) qui vont toujours plus vite que la lumière, elles seront sûrement très spirituelles elles aussi. Tout le monde marche sur ses jambes ? Je vais donc me mettre à marcher sur les mains, ça sera sûrement une démarche très spirituelle là encore. Tout cela reste désespéspérant d'idées reçues et de pseudo anticonformisme à la gomme.
 Ainsi je me suis senti très affligé, lors de la conférence "NDE 30 ans" à Martigues, d'entendre certains conférenciers prétendre discuter de physique. Bien trop d'idées loufoques là-dedans.

 Voir aussi : critique du concept de dimension supplémentaire formulé par le Dr Jourdan

Une solide direction: les expériences de mort imminente et autres expériences connexes
Voir un site de débats dont je reprendrai le vocabulaire "hypothèse surnaturaliste" contre "hypothèse naturaliste" - tous mes liens
 Les sceptiques reprochent souvent au paranormal de ne pas présenter d'affirmations falsifiables ou d'expériences répétables ? Outre que le contraire semble avoir déjà été bien établi dans l'article en lien ci-dessus de metapsychique.org, je reconnais, comme je disais, que la difficulté récurrente d'expérimentation suivant les canons de la démarche scientifique (expériences répétables à volonté à l'identique...) est objectivement un handicap de départ du domaine du paranormal, et, plutôt que de critiquer les scientifiques pour leur attachement à ces canons, il convient de chercher autant que possible, et en dépit de leur relative rareté par rapport à d'autres sciences, les différentes voies par lesquelles le paranormal pourrait malgré tout y pénétrer encore et encore.
 Je pense que, les conditions d'une telle rencontre, qui existent déjà et ont été observées (liens ci-dessus), continueront à se développer.

 Déjà et contrairement à un certain discours qui me semblait régner il n'y a pas si longtemps, les milieux scientifiques semblent prendre assez au sérieux les expériences de mort imminente (même si ça résiste toujours dans certains milieux). Voir par exemple ce petit dossier zététique qui reconnaît qu'on ne peut pas facilement conclure à l'hallucination.

Premier critère: ouvrez les yeux c'est évident
Notamment, je cite, "Il est clair que les similitudes qu'on peut retrouver entre ce que disent les religions et ce que rapportent les témoignages sont à noter."

Ayant lu un bon nombre d'études et de témoignages de telles expériences, il me paraît clair que tout y contribue objectivement à confirmer l'idée d'une vie après la mort, et que cette expérience en constituerait un commencement. A savoir, que ces expériences sont précisément le style de chose à quoi on peut s'attendre naturellement dans cette perspective, et seraient au contraire très insolites par leur concordance miraculeuse dans toute autre cadre.

Dire qu'on va se mettre à étudier le dossier sans conception a priori sur la question de l'existence d'une vie après la mort, bien sûr.
 Mais, une fois le dossier bien étudié, venir encore dire qu'en l'état actuel des connaissances aucune hypothèse n'est encore privilégiée, là je suis désolé mais je ne vois pas comment ça peut encore honnêtement se prétendre.
 Car à ce que j'observe sans cesse à la lecture de nombreux témoignages et travaux sur le sujet, c'est que la thèse surnaturaliste est bien plus qu'une hypothèse mais plutôt très souvent la simple reconnaissance de l'expérience telle qu'elle s'exprime très clairement, directement et évidemment; elle rend tout l'ensemble du dossier très naturel, tandis que les hypothèses naturalistes ne rendent compte de rien, et obligeraient à des rafistolages abracadabrants permanents d'idées tordues face à chaque détail, et finalement sont sans cesse réfutées par les faits et par les autres exemples; je ne vois guère comment leur persistance puisse s'expliquer autrement que comme étant, au choix, l'expression d'une ignorance profonde du dossier qu'on n'a pas examiné et qu'on préfère réinventer à sa guise, ou d'une mauvaise foi dogmatique de celui qui ne sait que nier la réalité en face lorsqu'elle n'est pas conforme à ses préconceptions: attitude des plus folles et irrationnelles qui a en plus le toupet de s'autoproclamer scientifique ou rationnelle.

 Les récits de témoignages et diverses études qu'on peut trouver sur internet à ce sujet sont extrêmement nombreux, on peut passer des années à les éplucher (et c'est très intéressant d'ailleurs, je dirais même passionnant). Dès lors, les moyens d'en savoir plus utilement ne sauraient décemment être considérés comme limités au point qu'on puisse encore venir conclure qu'on ne sait pas. Et les évidences y foisonnent. Par exemple le fait que les aveugles-nés aient les mêmes perceptions visuelles de l'environnement que les autres.
Argument par l'exactitude des informations
Un certain nombre de ces expériences (par exemple le témoignage de Jean Morzelle) rapportent des observations de détails observés de l'extérieur du corps, parfois même d'évènements ayant eu lieu ailleurs que là où se trouvait le corps, qui donc n'auraient pas pu être obtenues matériellement par les perceptions corporelles du témoin, et qui outre le point de vue extérieur saisissant que cela implique, se trouvent toujours parfaitement conformes à la réalité. Parfois mêmes, ces informations ont permis de résoudre l'enquête sur les évènements entourant l'expérience.
 Les thèses matérialistes supposent une reconstitution de souvenirs "comme par hasard" conformes à la réalité à partir de bribes d'informations perçues par le corps lors du voyage. Quelle merveille géniale de reconstitution ! Si l'agonie rend le cerveau aussi génial en reconstitution exacte de points de vue virtuels à partir de perceptions sensorielles aussi ténues, alors mettons-nous tous à l'agonie pour carburer...
 Comment diable un souvenir reconstitué dans de telles conditions peut-il être si précis et cohérent ? Et surtout, comment se fait-il que parmi les si nombreux témoignages, tous sont aussi exactement conformes aux évènements réels, aucun ne rapporte de "souvenir reconstitué" de travers ?
 Si les observations "hors du corps" n'étaient que fabrications de souvenirs à partir de perceptions sensorielles, certaines de ces fabrications tôt ou tard se trouveraient erronnées, ce qui n'a à ma connaissance jamais été le cas.

 Par exemple encore j'ai vu (je ne sais plus où) un exemple de témoignage où quelqu'un a rencontré dans l'au-delà un proche décédé, et a ainsi appris son décès dont il n'était même pas au courant.

Autres confirmations: des communications des morts aux vivants

A la conférence NDE 30 ans, le Dr Charbonnier a témoigné de deux occasions où il a reçu un message en pensée de ses patients cliniquement morts, sous forme d'"idée obsédante". L'article de l'AFP cité ici relate un de ces deux récits, où le "message" télépathique du patient comateux était de regarder dans son portefeuille; une fois trouvé, le portefeuille s'est avéré contenir un testament demandant son débranchement en une telle situation.
 Dans l'autre récit (que je retrace de mémoire), c'est un patient qui avait fait acte de suicide mais avait visiblement changé d'avis une fois passé de l'autre côté. La situation était une perfusion qui aurait dû se maintenir normalement jusqu'à la sortie du coma, quand subitement vint une complication inexpliquée. Le docteur avec son assistante tentaient de le sauver et ne comprenaient pas la nature du problème, mais il reçut alors l'idée obsédante qu'il fallait "aspirer le caillot de sang". Ce qu'il fit. Lorsqu'ensuite le patient fut rétabli, il remercia chaleureusement le docteur, en ces termes: "c'est vous qui m'avez sauvé. Je vous le disais, qu'il fallait aspirer le caillot de sang !"

Non-arguments sceptiques

Pour citer deux soi-disant arguments de la thèse naturaliste trouvés ici:
 - "L’hypnose montre la capacité des humains à recréer un environnement total et à restituer des pans entiers de scènes oubliées. Il est donc établi que notre cerveau enregistre tous les stimuli qui nous touchent, même les plus infimes, et qu’il peut les retrouver sous certaines conditions."
 Non, ça ne prouve rien du tout, puisqu'il a été observé par ailleurs que l'hypnose permet également de restituer des informations extérieures qui ne peuvent être obtenues que par des voies surnaturelles puisque n'ayant pour certaines jamais été reçues naturellement à la connaissance du sujet (par exemple, sur de prétendues vies antérieures qui, d'après le livre de Laurent Guyénot, Lumières nouvelles sur la réincarnation, seraient plutôt en fait pour certains des récits donnés par des esprits de personnes décédées qui prennent temporairement la parole dans le sujet hypnotisé). Comme il n'y a aucune explication scientifique disponible permettant de rendre compte de quelque perception que ce soit obtenue sous hypnose ou des paroles dites sous hypnose, il n'y a donc aucune raison de penser que l'hypnose puisse être un mécanisme naturel pouvant soutenir la thèse avancée (si ce n'est bien sûr des raisons circulaires partant de l'hypothèse matérialiste et n'y apportant donc aucun soutien au final).

 - De même avec la ketamine: l'observation que la kétamine à dose suffisante, produise des expériences semblables, a parfois été évoquée au titre de motif de douter de la réalité des sorties du corps. J'y vois au contraire une confirmation supplémentaire, pour les raisons suivantes.

Argument par la classification des expériences

Qu'est-ce qu'une sortie du corps ? Par définition, si cela est réel et non hallucinatoire, c'est une situation de l'âme dans laquelle, à partir du moment où la séparation a lieu ses aventures ne dépendent plus aucunement de l'état du corps, ni donc en particulier, de l'état du cerveau; tandis que si c'est hallucinatoire, cela continue de dépendre étroitement de ses causes biologiques et de l'état particulier du cerveau.
 Ainsi, à côté du critère d'obtention d'informations extérieures à l'environnement immédiat du corps et vérifiées par la suite, peut-on citer ce critère important que je n'ai bizarrement pas encore vu considéré dans mes différentes lectures sur le sujet, de comparaison des compatibilités des deux hypothèses concurrentes avec les faits: l'étude des degrés de corrélations et similitudes entre expériences vis-à-vis des différentes causes qui les ont engendrées.

 Précisément, d'une part, l'hypothèse surnaturaliste entraîne naturellement une classification des types d'expériences possibles en deux grandes catégories nettement distinctes:
•Les expériences dans le corps (pouvant inclure diverses perceptions extrasensorielles pouvant avoir des points communs avec les NDE mais où le témoin se considère toujours dans son corps et non flottant dans l'environnement extérieur, exemple).
•Les expériences hors du corps, pouvant avoir leur diversité propre mais qui sont totalement indépendantes de la nature matérielle de la cause qui a déclenché l'expérience, et avec donc la même diversité quelle que soit cette cause; seules des circonstances d'ordre spirituelles peuvent éventuellement les influencer, comme par exemple les cas de tentatives de suicide.
D'autre part, l'hypothèse d'un mécanisme cérébral producteur de ces expériences impliquerait une diversité continue des expériences qui serait étroitement dépendante de la cause matérielle précise de l'expérience.

 Dès lors il reste à constater laquelle de ces deux classifications se trouve la mieux vérifiée par l'expérience.
 Et il s'avère que les témoignages récoltés se plient très bien à la première classification, non à la deuxième (il n'a été observé aucune corrélation entre la nature de l'accident ou de la cause spontanée du phénomène, et le contenu de son déroulement). Ceci confirme donc l'hypothèse surnaturaliste.

 Là-dessus vient le cas de l'expérience à la ketamine. Or, d'après ce que j'ai pu lire à ce sujet (notamment un témoignage de quelqu'un ayant eu les 2 expériences à une semaine d'intervalle et a pu donc les comparer, témoignage en anglais trouvé sur internet à partir d'un site sur la ketamine, il faudrait retrouver la référence), il s'avère que l'expérience avec la ketamine est exactement la même (en tant que vécu) que l'expérience de mort imminente. Ceci confirme donc une fois de plus la première classification, et amène à conclure que l'expérience à la ketamine (à la dose adéquate) est réellement une expérience hors du corps et non une hallucination.

Euh, enfin il semblerait quand même qu'il existerait réellement une catégorie d'expérience intermédiaire: j'ai parlé de l'hypnose, et dans le wikipedia anglophone je trouve également Christos experiment. Cet article me suggère que cela aurait les mêmes caractères que l'hypnose telle que j'ai pu m'informer à son sujet, à savoir une sorte de contrôle de l'esprit par d'autres esprits pouvant volontairement inculquer au sujet des perceptions, pouvant exprimer aussi bien des informations correctes ou fantasmatiques, sans exclure que dans certains cas, une véritable sortie du corps soit obtenue. A voir par l'expérience..


Première proposition d'expérimentation nouvelle
De ces considérations découle une conclusion capitale en forme d'ouverture: suivant l'hypothèse surnaturaliste et les réflexions ci-dessus, la prise de ketamine à dose suffisante constituerait un véritable moyen d'expérimentation et donc de vérification du paranormal en laboratoire s'il était largement pratiqué. En effet, cela rendrait rigoureusement contrôlables en milieu scientifique et donc en principe incontestables des types de preuves déjà rapportés comme réels dans certains témoignages, qui furent éventuellement confirmés par d'autres personnes, mais dont le caractère accidentel et l'absence de cadre expérimentale explicite et de statut scientifique des personnes concernées, n'avait pas permis de les faire valoir comme incontestables par les scientifiques les plus sceptiques éloignés de ces dossiers. Ainsi je conforme ma position au critère popperien de scientificité par la formulation de cette prédiction claire, nette, sur laquelle je mise tout le poids de ma conviction assurée (muni des arguments ci-dessus montrant son net lien logique avec le reste de sorte qu'il ne s'agit pas d'une lubie personnelle mais bien d'une conséquence objective), facilement vérifiable c'est-à-dire qui se trouverait du coup clairement réfutée par l'expérience demandée si elle était erronnée, et semblant actuellement étonnante aux yeux du moins de certains porte-parole de l'hypothèse adverse: faites donc ne serait-ce que quelques centaines d'expériences scientifiques avec la ketamine incluant la mise en place rigoureuse de dispositifs adéquats, et les preuves du paranormal seront établies. Il y a seulement un obstacle à la mise en place de ces expériences: l'usage de la ketamine est fortement réglementé. C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles (actuellement et contrairement à ce que j'avais pensé il y a quelques années où je n'en avais pas vu l'intérêt), je soutiens désormais également le volet libéralisation des drogues qui figure dans des projets libertariens comme le Free State Project, dont j'avais suivi la création avec un grand intérêt (mais dont la concrétisation semble hélas actuellement s'enliser par le manque de participants).

 Je vais ici rappeler et préciser quels types de preuves sont à attendre de ces expériences, en vue de préparer les dispositifs adéquats:
 Il s'agit de perceptions extra-sensorielles, perceptions claires d'objets, soit cachés dans la pièce, soit en d'autres lieux, observations d'évènements se produisant pendant le voyage et éventuellement lectures dans la pensée des gens, observations qui ne sont pas physiquement à la portée des sens du sujet. Ces perceptions se produisent directement par voyage hors du corps, et sont donc sensées être bien plus fiables que les devinettes à distance pratiquées par des gens restant dans leur corps au cours des expériences psi mentionnées dans les références plus haut. C'est-à-dire que parmi les cas (pouvant certes être une minorité incontrôlable de cas, mais néanmoins un nombre de cas devant être non nul parmi des centaines d'expériences) où le sujet rapporte une observation, cette observation doit s'avérer (presque) toujours exacte. Accessoirement, si le sujet a l'occasion de passer par une revue de vie, il pourrait aussi avoir l'occasion d'y découvrir des informations sur la vie passée de ses proches dont il n'était pas au courant.

 Bien sûr, si l'on découvrait une autre substance ou tout autre moyen efficace et peu risqué aux effets semblables de décorporation, cette prédiction s'y appliquerait également.

Vers des recherches plus approfondies
Ensuite, une telle voie de recherche ne servirait pas seulement à prouver l'existence du paranormal, mais bien d'en savoir plus, puisque, hors du corps, il est connu qu'on peut (parfois) acquérir directement des connaissances supérieures ou avoir des perceptions paranormales précises, et pas seulement subir des phénomènes incompris de corrélation statistiques. Le problème de la récupération de ces informations pour la science se bute à un obstacle: l'incommunicabilité. Sans prétendre résoudre entièrement ce problème qui aura certes toujours un caractère partiellement irréductible, je pense qu'il serait néanmoins possible d'en extraire déjà un peu plus d'information par la méthode suivante: faire faire le voyage à un physicien théoricien qui, étant mieux habile que les gens ordinaires aux concepts mathématiques, au langage scientifique et à la description et compréhension de la matière, pourraît parvenir à mettre sur ses observations et son expérience des mots adaptés et une description théorique plus fine qu'eux, et ainsi faire avancer la science un peu plus loin.
 Par exemple il serait intéressant de chercher ainsi des réponses aux questions suivantes: les espaces où voyage l'esprit hors de notre univers, comme par exemple celui ou ceux du tunnel, sont-ils ou non à leur manière des espaces physiques ? Peuvent-ils admettre des descriptions physiques comparables à celles qui ont cours dans notre univers? La lumière s'y comporte-t-elle de manière semblable à la lumière physique de notre univers (ce que les gens ordinaires ne peuvent pas savoir puisqu'ils ne connaissent pas la lumière physique de notre univers mais seulement la sensation visuelle qu'ils en ont d'habitude, ce qui n'a rien à voir)? Combien de dimensions apparentes ont-ils ? Sont-ils plats ou courbes (au sens de la courbure riemannienne) ? La relativité restreinte, avec sa limitation de vitesse par celle de la lumière et la déformation des points de vue associés à l'acquisition d'une grande vitesse, s'y applique-t-elle ? Y a-t-il un lien physique entre ces espaces et notre univers usuel ? Ou encore ne serait-ce qu'un lien géométrique, et quelle en est la forme ? Quels sont les moyens d'observation des objets quand on flotte dans notre univers: principalement visuels par la lumière physique (il semble que ce soit le cas), ou autres et de quelle forme ? Dans le cas d'une perception visuelle, quelle est la forme de l'ensemble des points de vue ? Comment sont perçues les couleurs ? Comme la notion physique de couleur est plus riche que notre perception visuelle ordinaire, on peut faire des expériences de reconnaissances d'images non perceptibles par la lumière physique habituelle mais soit uniquement à l'infrarouge, soit encore par des variations de compositions exactes en longueurs d'onde qui dans la vue habituelle donnent l'impression d'une même couleur.
En tout cas, je voudrais ici lever une confusion qui a pu apparaitre, sur la question: dans les perceptions de l'environnement dans les expériences hors du corps, cela a-t-il encore un sens de qualifier de visuelles les perceptions de l'environnement, alors qu'elles ne se font pas par des yeux physiques ? Je réponds oui, au sens suivant: on appellera perceptions visuelles hors du corps, les perceptions qui consistent pour l'âme à percevoir les rayonnements de lumière physique (parfaitement connues et défines en physique !), pour en déduire la forme des objets dont elle provient; et perceptions non visuelles, les perceptions qui percoivent les objets directement, comme par contact. Ces deux perceptions sont possibles, puisque la lumière physique n'est finalement qu'une forme de matière parmi les autres, dont traitent les lois de la physique que nous connaissons. Si on peut percevoir d'une manière, on peut aussi percevoir de l'autre manière. Alors, comment faire la différence ? Les perceptions visuelles se caracterisent par les propriétes suivantes: on peut percevoir à distance, à un endroit ou on n'est pas (ce qui n'empêche qu'on puisse d'autre part être réellement étendu et ainsi voir de plusieurs points de vue à la fois); si on fonce vers le ciel (comme quelqu'un m'a raconte sans comprendre pourquoi), on verra les étoiles, comme des images fixes et irréelles, non comme des objets concrets qu'on peut atteindre (parce qu'elles sont trop loin); en regardant dans un miroir, on verra ce qui est réfleté par le miroir; on peut zoomer une image, mais pas jusqu'a l'échelle atomique.
 Voir quelques autres commentaires à ce sujet dans ma critique du concept de dimension supplémentaire formulé par le Dr Jourdan

Question ouverte: comment apparaissent les couleurs ? En effet, on sait en physique que les couleurs réelles sont quelque chose de différent et de plus riche, que les couleurs telles que nous les percevons habituellement (dues aux proprietes de la retine). Notamment il y a l'infrarouge, habituellement invisible, qui devrait devenir visible hors du corps (bien que ce soit d'intensite plus faible).
Deuxième proposition d'expérimentation nouvelle
Dans le cas de révélations explicites qui auraient eu lieu dans la phase mystique (exemples, en particulier le troisième exemple, celui de Beverly Brodsky), la familiarité avec les théories scientifiques permettrait plus facilement de retraduire certaines de ces révélations en termes scientifiques. Mais comme cela semble être un cas très rare parmi les NDE, il est peut-être irréaliste d'espérer qu'une telle expérience soit vécu par un scientifique d'une discipline concernée (en particulier l'astrophysique), ces scientifiques étant eux-mêmes une faible fraction de la population. Une solution à ce problème serait d'organiser l'expérience suivante:

 - Trouver quelqu'un ayant vécu une telle expérience mystique et pensant en avoir retenu des connaissances importantes sur notre univers qu'il est disposé à partager
 - Trouver un scientifique travaillant dans le domaine de connaissance en question, également volontaire pour cette expérience
 - Les faire se rencontrer, et tenter une coopération de recherche scientifique dans ce domaine, pour voir quelles avancées scientifiques il en sort
 - Si possible, filmer les discussions pour permettre à l'avenir une évaluation plus précise de la contribution scientifique du mystique, et des intuitions qu'il pourrait présenter qui seraient susceptibles d'une évalution plus fine a posteriori lorsque la recherche aurait progressé, incluant ce qui ne serait pas dit dans un langage suffisamment clair lorsqu'elle a lieu pour être rapidement intégrée à un article écrit.

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Liens vers d'autres sites sur le paranormal et le pseudo-scepticisme

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De La Cause Du Sommeil Lucide par ABBE de FARIA

Le 16/11/2017

INTRODUCTION

La doctrine de la suggestion et ses nombreuses applications constituent une des grandes conquêtes scientifiques du siècle.

                                                                                                                                      — Prof. BERNHEIM.

L'hypnotisme est une méthode thérapeutique d'une importance extraordinaire.

                                                                                                                                          — Prof. WUNDT.

 

1 — FARIA ET L'HYPNOTISME

Faria est le seul et le véritable fondateur de la doctrine moderne de la suggestion en hypno-tisme.

Pour bien saisir ses idées il faut les comparer avec celles de ses contemporains1 : nous le ferons sur cinq points : 1° sur la cause du som­meil lucide, 2° sur les procédés employés pour le provoquer, 3° sur ses symptômes, 4° sur sa nature, et 5° sur la théorie qui explique ses divers phénomènes.

 

I. — CAUSE

Le magnétisme animal en 1813, quand Faria commença ses conférences publiques à Paris, était sous l'influence de Mesmer. Selon sa théo­rie, empruntée à Paracelse, il existe un fluide universellement répandu, et c'est dans ce fluide que réside l'harmonie de la santé. Le magné­tisme animal est « la propriété du corps qui le rend susceptible de l'influence céleste et de l'action réciproque de ceux qui l'environnent, mani­festée par son analogie avec l'aimant. 2 » L'ac­tion et la vertu du magnétisme peuvent être communiquées par des corps animés à d'autres corps animés ou inanimés, et avec ce fluide on peut provoquer et diriger les crises salutaires, et guérir mediatement les maladies de nerfs, et immédiatement les autres.

 

La Commission Royale, chargée d'examiner le système de Mesmer, attribue les phénomènes du magnétisme animal à l'imagination ; et Laurent de Jussieu, le neveu de l'illustre Bernard de Jussieu, le seul membre dissident, pense que l'on peut expliquer quelques-uns de ces phéno­mènes par la « chaleur animale. »

 

Puységur, le disciple le plus renommé de Mes­mer, considère son « électro-magnétisme » et le « magnétisme animal » de Mesmer comme étant semblables à l'électricité animale de Péte-tin. « La seule idée, dit-il, presque palpable que nous ayons eue du mouvement de ce fluide jusqu'à présent est celle que l'électricité nous a donnée 3 » Ce fluide existe dans tous les indivi­dus, mais ne se sécrète et n'en émane que d'après la volonté de celui qui veut en imprégner, pour ainsi dire, un autre individu. La base de son système est : croyez et voulez.

Tous les magnétiseurs de cette époque (1819), étaient divisés en deux groupes principaux : la grande majorité consistaient fluidistes, comme Mesmer et ses disciples ; et la minorité, en spiri-tualistes, comme Barbarin et ses disciples. Ceux-ci considéraient « le magnétisme animal comme une manifestation du pouvoir de l'âme sur la matière, en conséquence de quoi ils trou­vent inutile de toucher les malades, la pensée fortement dirigée sur eux devant suffire. 4 »

 

Faria n'admet la théorie d'aucun de ses con­temporains : « Je ne puis pas concevoir, dit-il, comment l'espèce humaine fut assez bizarre pour aller chercher la cause de ce phénomène dans un baquet, dans une volonté externe, dans un fluide magnétique, dans une chaleur animale et dans mille autres extravagances ridi­cules de ce genre. » (p. 33) Il n'y a rien qui puisse justifier la dénomination de magnétisme animal, pour signifier « l'action d'endormir. » (p. 31) Il change, partant, les mots magnétisme animal, magnétiseurs et magnétisés en concentration, concentrateurs et concentrés, et, de môme, som­nambule et somnambulisme en épopte et sommeil lucide, pour écarter l'idée du fluide magnétique dans l'hypnotisme.

 

Il consacre la séance XII à l'examen de l'opi­nion de ceux qui attribuent les phénomènes du magnétisme à l'imagination, doctrine qu'il condamne comme une « extravagance. 5 » (p. 284) : Il insiste sur ce point que l'on garde la mémoire de tout ce qu'on imagine ; mais après le sommeil lucide, surtout quand il est profond, on ne garde pas la mémoire de tous les phéno -mènes dans cette condition, partant, ils ne peuvent pas être dus à l'imagination. « La mémoire peut exister sans l'imagination, mais jamais l'ima­gination sans la mémoire » (p. 286) ; et un peu plus loin, après avoir fait l'observation que l'ima­gination est une faculté commune à tout homme, il demande « pourquoi tout homme n'est pas apte à développer les phénomènes du sommeil lucide. » (p. 288) « Il n'est pas plus difficile, dit-il, de sentir que l'empire de l'imagination se borne seulement aux idées connues ; et que consé-quemment elle ne peut agir sur l'esprit. Toutes les fois donc que les sens et le corps éprouvent des effets réels qui ne tiennent à aucune cause connue, il est toujours certain et démontré que ces résultats proviennent de toute autre source que de l'imagination. » .(p. 287)Pour lui, le déve­loppement des phénomènes du sommeil lucide se lie « toujours aux causes naturelles, mais plus souvent intellectuelles que sensibles. » (p. 107)

 

Dans la séance XIII, il se demande si la volonté externe peut être la cause du som­meil lucide, et répond : « Ce qu'il y a de plus décisif contre les partisans de cette volonté externe, c'est que 1 expérience démontre qu'on endort les époptes ou somnambules avec la volonté, sans volonté et même avec une volonté contraire. » (p. 315)

 

Et, finalement, dans la séance XIV, il discute s'il existe un fluide magnétique et, après avoir exa­miné tous les arguments de Mesmer et de ses disciples, il finit son volume par ces mots : « Je pense qu'il est déjà clair que la supposi­tion d'un fluide magnétique est tout à fait absurde, soit qu'on la considère dans sa nature, soit qu'on la considère dans son application, soit enfin qu'on la considère dans ses résultats. »

Pour Faria : a). Le concentrateur ou l'hypno­tiseur ne compte pour rien, il ne demande aucun pouvoir spécial pour lui-même ; le con­centré ou l'hypnotisé est le seul agent actif : « On ne fait pas des époptes toutes les fois qu'on le veut, mais seulement quand on trouve des sujets qui sont déjà des époptes natu­rels. »(p. 34) Pour démontrer que le concentra­teur ne compte que comme cause occasionelle il dit : « Je montrais dans mes séances môme des enfants qui endormaient de grandes per­sonnes à la simple présentation de la main. 6 » (p. 340) D'après Faria, tous les phénomènes du sommeil lucide sont dus à des causes natu­relles, ils s'opèrent dans l'esprit du sujet hypno­tisé sans aucune influence divine ou maligne « Rien de ce que développe le sommeil lucide ne sort de la circonscription de la nature » (p. 18) ; et « nous ferons voir qu'il n'y a rien à dépasser les bornes de la raison humaine, et que tout y est concevable, pour peu que l'homme veuille s'adonner de bonne foi à la recherche de la vérité. » (p. 110)

 

b). Faria « défie tous les magnétiseurs de l'univers d'endormir quelqu'un qui n'a pas des dispositions requises ou des causes prédispo­santes » (p. 311) : « La liquidité du sang » et l'im­pressionnabilité psychique.

 

Il attachait, selon Noizet, une grande importance aux observations suivantes : « Toutes les person­nes dont le sommeil est facile, qui transpirent beaucoup et qui sont très impressionnables, sont ordinairement susceptibles de somnambulisme. Un autre caractère, qui semble commun à tous les somnambules, est un battement rapide et continu dans les paupières lorsque les yeux sont légèrement fermes. 7 »

En confirmation de son idée sur la liquidité du sang, Faria observe : « L'expérience m'a fait voir que l'extraction d'une certaine dose de ce fluide rendait époptes dans vingt-quatre heu­res ceux qui n'y avaient aucune disposition antérieure», et que « la liquidité dans le sang contribue non seulement à, la profondeur du sommeil, mais aussi à sa promptitude. » (p. 35)

 

Il résulte de toutes ces observations que les personnes qui montrent le plus de susceptibilité pour l'hypnotisme sont les anémiques et les hystériques, ou celles qui sont le plus facilement impressionnables. C'est exactement l'opinion de tous les observateurs modernes.

 

Faria vivait à une époque où prédominaient les théories des humeurs et des sympathies en médecine ; on ne connaissait bien ni les fonctions du système nerveux ni les maladies nerveuses 8, et il ne faut pas s'étonner que Faria ait attaché grande importance à ce qu'il nommait « la liquidité du sang. » Il n'était par profession, ni pathologiste, ni physiologiste. Suivant l'exemple de médecins de cette époque, qui croyaient aux sympathies du cœur, du foie, de la rate et de divers autres organes, Faria pense que le sang est plus ou moins épais dans certains organes, « si bien que le sang, qui cir­cule dans les artères a constamment et invaria­blement la même densité », et que « la majorité et la minorité de sa masse ne regardent que celui qui se trouve hors de la circulation périodi­que. » (p. 86) Il avait observé les symptômes de 1 anémie dans la majorité de ses somnambules ; il considérait leur sang comme plus fluide que celui des sujets robustes. Il n'était pas si loin dela vérité qu'il semble à première vue ; seulement il ne faut pas le prendre « au pied de la lettre », comme le dit le Dr Gilles de la Tourette. Sur la condition mentale du sujet hypnotisable, il était dans le vrai.

 

Les femmes sont plus facilement hypnotisables que les hommes, et l'hypnotisme se produit plus rapidement chez les sujets qui ont été souvent hypnotisés, ou même chez ceux qui ont assisté à des expériences d'hypnotisme. aria admettait « l'éducation et la mobilisation des époptes. » (p. 122) « L'expérience démontre que la con­fiance qui règle la facilité de cet exercice ne s'établit en général que par le sommeil ; et plus elle se consolide par la répétition des actes, plus elle rend usuelle la jouissance de ses facultés. » (p. 44)

 

c). La cause immédiate du sommeil lucide et du sommeil ordinaire, qui sont, d'après Faria, de la même nature, existe dans la concentration des sens de la personne hypnotisée ou, pour êtrehypnotisé, par suggestion, il faut du re­cueillement mental et du calme physique. « On ne s'endort pas tant que l'esprit est occupé, soit par l'agitation du sang, soit par des inquié­tudes ou par des soucis. » (p. 35)

Les auteurs qui partagent l'opinion de Fana ne manquent pas. Liébault, un des plus distingués fondateurs de l'Ecole de Nancy, considère que lu cause du sommeil hypnotique « réside dans le retrait de l'attention hors des sens, et son accumulation dans le cerveau sur une idée, qui en est l'élément principal. 9 » Preyer, un professeur distingué de physiologie à l’Univer-sité d'Iéna, considère « la concentration de l'attention10 » comme la condition essentielle de la production de l'hypnose.

 

Le Dr Crocq 11 a soumis à plusieurs auteurs cette question : Quelle est la cause du som­meil hypnotique ? Quinze d'entre eux lui ont repondu, et parmi les réponses plus ou moins favorables à l'idée de Faria on peut citer les suivantes :

Dumontpallier (de Paris), cause déterminante: attention et volonté ;

De Jong (de la Haye), la cause est la convic-tion du sommeil ;

Ochorowicz (de Varsovie) : les causes sont multiples mais l'auto-suggestion en est la prin­cipale ;

Pour Lajoie (de Nasbua-New-Hampshire) le sommeil hypnotique est dû au commandement, ou à la poursuite suivie de l'idée du sommeil, ou n'a aucune cause apparente.

 

La majorité des auteurs attribue les phénomè­nes de l'hypnotisme à l'inhibition 12 ; mais ni cette cause, ni celle d'automatisme psychologi­que, n'expliquent tous les phénomènes de l'hyp­notisme, soit dans les hommes, soit dans les animaux.

 

d). La suggestion, ou « l'ordre des concentra­teurs », n'est donc, d'après Faria, qu'une cause occasionnelle et non efficiente ; c'est-à-dire, « une cause qui engage la cause réelle et précise à se mettre en action pour produire l'effet qui lui est propre et naturel, mais qui lui est insuffi­sante à le produire par elle-même. » (p. 323) Elle forme seulement la base occasionnelle de tous les procédés employés pour causer le som­meil lucide, et de tous les phénomènes observés pendant cette condition. La concentration occa­sionnelle, ou le. sommeil lucide provoqué «est une abstraction des sens provoquée au gré et à volonté, avec la restriction de la liberté interne, mais en raison d'un motif fourni par une influence externe » (p. 42), c'est-à-dire, par la suggestion.

 

2. — Procédés.

Mesmer magnétisait ses malades ou directe­ment par des passes, ou indirectement, soit par son valet-toucheur, soit par son baquet et ses baguettes, soit, finalement, par un arbre qu'il avait magnétisé sur le boulevard Saint-Martin 13. La base de son système qu'on peut dénommer physique, consiste dans ta communication du fluide magnétique aux personnes qui en man­quent. C'est le magnétiseur qui dispense ce fluide, de la môme manière que le pharmacien les médicaments. Il va sans dire que Mesmer, lui-môme, est ce grand dispensateur.

 

Puységur avait abandonné le baquet et les baguettes de son maître, mais il avait entière con­fiance dans les passes et dans les arbres magnéti­sés, auxquels il ajoutait un nouvel élément: la volonté externe. Après sa découverte du som­nambulisme provoqué, comme l'affluence des malades était énorme, il magnétisait en 1784 un vieil orme dans sa terre de Buzancy, près Sois-sons. « Mon arbre, dit-il, est le meilleur baquet possible ; il n'y a pas une feuille qui ne com­munique la santé... il n'est pas nécessaire que je touche tout le monde : un regard, un geste, ma volonté c'en est assez. 14 » Selon lui le magnétisme animal « existe, parce qu'il existe, depuis vingt ans je n'en ai pas appris davan­tage.15 » Et Deleuze, le disciple le plus distingué de Puyésgur, considère aussi les arbres magné­tisés comme préférables au baquet. Il conseille d'employer au besoin d'abord le magnétisme à grands courants par les passes, et une fois que le rapport entre le magnétiseur et le patient est bien établi, il considère comme inutile l'attou­chement 16. Leur méthode est une combinaison du procédé physique, avec la volonté externe.

Les spiritualistes croyaient que tous les phéno­mènes du somnambulisme sont produits par l'âme du magnétiseur et que l'action physique est presque inutile ; ils agissaient par la pen­sée, par la prière et par l'intention du magné­tiseur.

 

Les procédés employés par Faria pour cau­ser le sommeil lucide sont au nombre de trois: (p. 151)a) Sa première méthode est tout à fait différente de celle de tous ses contemporains. Après avoir choisi des sujets ayant des dispo­sitions nécessaires, il les place commodément sur un siège, il leur dit de fermer les yeux, de concentrer leur attention et de penser au som­meil. Quand ils sont tranquilles et attendent le commandement, Faria dit : « Dormez », et ils tombent en sommeil lucide. Si la première ten­tative ne réussit pas, il soumet la personne à une seconde épreuve, et quelquefois même à une troisième ; après cette dernière, il la déclare incapable d'entrer dans le sommeil lucide. Ce procédé est entièrement suggestif et psychi­que. C'est le sommeil par suggestion, c'est, selon le Dr Bernheim, l'image du sommeil qui est suggérée, qui est insinuée dans le cerveau du patient. Il n'y a aucun doute que Faria soit son fondateur comme méthode. Il est le premier à confesser qu' « on sait que de tout temps les enfants dans les collèges, les soldats dans leurs casernes, les matelots sur leurs vaisseaux, ont fait parler de leurs camarades ou en touchant une partie quelconque de leur corps, ou en leur adressant simplement la parole. » (p. 95) Mais personne avant lui n'avait pratiqué cette méthode pour provoquer le sommeil lucide.

 

Quelques écrivains, surtout en Angleterre, qui ne connaissent pas l'ouvrage de Faria, attri­buent la découverte de ce procédé à Braid. Pour démontrer que Braid n'est pas son fonda­teur, il suffit de lire ce qu'il dit lui-même à l'égard de son procédé :

 

« On a prétendu, par exemple, que mon mode d'hypnotisation n'était pas nouveau ; que j'avais fait acte de plagiat en usurpant la théorie et la pratique de Bertrand et de l'abbé Faria. Si j'ai bien saisi les idées de Bertrand, qui, d'après l'opinion de Col-quhoun « est assez difficile à comprendre», il adhère à « la théorie de l'imagination seule » (Introduction de Colquhoun, page 94). Dans le quatrième volume de l'Encyclopédie de médecine pratique, page 34, le docteur Prichard dit de Bertrand : « il conclut enfin que tous les résultats de ces opérations sont pro­duits par l'influence de l'esprit; » c'est-à-dire par l'influence de l'imagination des malades agissant sur eux-mêmes. Bertrand voit encore la confirma­tion de son idée dans la façon dont l'abbé Faria magnétisait. Voici son mode d'opération : « Il plaçait le malade dans un fauteuil, lui disant de fermer les yeux et de se recueillir ; puis d'une voix forte et impé­rieuse il prononçait soudain le mot : « Dormez, » qui généralement produisait sur l'individu une impres­sion assez forte pour lui occasionner un léger choc, de la chaleur, de la transpiration et quelquefois du somnambulisme. » S'il avait réussi par cette méthode aussi régulièrement que moi, userait-il du correctif « quelquefois » ? On lit encore : « Si la première ten­tative échouait, il répétait l'expérience une seconde, une troisième, et même une quatrième t'ois, après laquelle il déclarait l'individu incapable d'entrer en sommeil lucide. » Il est douteux que le succès de l'abbé Faria ait été ce qu'il dit; cependant, selon Bertrand, il est incontestable que l’abbé « réussis­sait très souvent ». N'est-ce pas là une preuve que son succès n'était pas aussi constant que le mien ? Et qui ne verrait, en parcourant mes instructions pour l'hypnotisation, que nos méthodes sont très différentes? 17 »

La méthode de Braid est la suivante :

 

« Prenez, dit-il, un objet brillant quelconque (j'em­ploie habituellement mon porte-lancette) entre le pouce, l'index et le médius de la main gauche, tenez-le à la distance de 25 à 45 centimètres des yeux, dans une position telle au-dessus du front que le plus grand effort soit nécessaire du côté des yeux et des paupières pour que le sujet regarde fixement l'objet. Il faut faire entendre au patient qu'il doit tenir constamment attaché à l'idée de ce seul objet. On observera que... les paupières se fermeront invo­lontairement avec un mouvement vibratoire » et le sujet tombera en sommeil nerveux.

 

Il résulte évidemment de ces deux citations que le procédé de Braid, en 1843, était psycho-sensoriel et qu'il n'ignorait pas le procédé psy­chique ou suggestif. S'il a fini plus tard, "par abandonner son procédé et par adopter celui de Faria, on ne peut pas dire qu'il ait été son insti­gateur. Faria est, sans aucune contestation, le premier et le seul fondateur de sa première méthode. A chacun son mérite.

Pour faire cesser le sommeil lucide ou pour déshypnotiser, Faria employait aussi Je com­mandement ou la suggestion verbale ; il disait :

« Eveillez-vous », et le somnambule s'éveillait. Dans certains cas il usait aussi des « gestes », ou passait la main devant les yeux des personnes qu'il voulait réveiller.

 

b) Quand les sujets sont réfractaires à son premier procédé, Faria leur montre à quelque distance sa main ouverte et leur recommande de la regarder fixement ; il la rapproche gra­duellement à quelques doigts de distance de leurs yeux, et les patients ferment les yeux et tombent en sommeil lucide. Ce procédé est semblable à celui de Braid, seulement Faria, pour fixer le regard, montre sa main, et Braid son porte-lancette ou un objet brillant quelcon­que. Dans ce procédé l'élément psychique est combiné avec l'élément sensoriel, et il est indif­férent que l'on montre la main ou un objet bril­lant : le point essentiel est de fixer le regard. « On ne sait pas, dit Faria, de quels moyens se servaient les anciens pour provoquer le som­meil lucide... A regarder la fable du centaure Chiron comme une allégorie qui trace ingénieu­sement la méthode d'endormir, il paraît que tous les procédés se trouvaient à la seule pré­sentation de la main. » (p. 79) On voit que ce procédé dans son essence est très vieux.

c). Si les deux procédés précédents ne produisaient pas les effets désirés : « Je touche légère­ment, dit Faria, les personnes aptes au sommet de la tète, aux deux coins du front, au nez sur la descente de l'os frontal, au diaphragme, au cœur, aux deux genoux et aux deux pieds. L'ex­périence m'a démontré qu'une légère pression sur ces parties... provoque toujours une concen­tration suffisante à l'abstraction des sens... Pres­sées successivement dans les parties... elles ne peuvent se défendre d'éprouver une sensation de frémissement. » (p.154)

 

Nous avons démontré que Faria n'admettait pas le fluide magnétique, et partant, pour lui, il n'y avait pas de passes, ou la transmission du fluide d'une personne à l'autre. Pour lui, les trois procédés, et même les autres, comme les ci-nommés arbres magnétisés, opèrent seule­ment par suggestion. Il demande : « Quelle vertu ont donc les attouchements, la présenta­tion et les frictions, avec lesquels les concen­trateurs endorment leurs époptes ? » (p. 355) Et répond : « Le sommeil qui se développe dans les époptes à la présentation de la main de leurs concentrateurs, n'est donc aussi qu'un effet de leur concentration occasionnelle. A la vue de cette action, les époptes voient ce qu'on exige d'eux et ils se prêtent aussitôt aux moyens d'y satisfaire, et quelquefois même mal­gré eux, en raison de la force de la conviction intime. » (p. 356) Et il confirme ses idées par l'observation suivante : « Nous avons placé des époptes sous des arbres en leur disant qu'ils avaient été touchés ou magnétisés, sans qu'ils l'eussent été, et les époptes ont dormi ; et nous les avons placés sous d'autres qui avaient été touchés, sans les avoir prévenus, et ils n'ont pas éprouvé le plus léger symptôme de som­meil. » (p. 347)

 

Faria avait raison d'être fier de son premier procédé, mais il fait preuve d'un esprit vraiment philosophique quand il dit : « Nous prouverons qu'il n'y a aucun mode précis et déterminé de produire les effets du sommeil lucide et le soula­gement ou même la guérison de maux provenant de toute autre source que d'une action citerne, et qu'il faut en tout s'accommoder aux préventions de la personne qui se livre à la concentration, qui est la seule cause immédiate susceptible de pro­voquer les effets désirés d'après les dispositions requises. »(p. 122)

 

3. — Symptomes

D'après Deleuze les effets physiques produits par le magnétisme sont résumés de la manière suivante 18 :

« Le somnambule a les yeux fermés et ne voit

pas par les yeux, il n'entend point par les oreil-les ; mais il voit et entend mieux que l'Homme éveillé.

Il ne voit et n'entend que ceux avec lesquels il est en rapport. Il ne voit que ce qu'il regarde, et il ne regarde ordinairement que les objets sur lesquels on dirige son attention.

Il est soumis à la volonté de son magnétiseur pour tout ce qui ne peut lui nuire et pour tout ce qui ne contrarie point en lui les idées de jus­tice et de vérité.

Il sent la volonté de son magnétiseur.

Il aperçoit le fluide magnétique.

Il voit ou plutôt il sent l'intérieur de son corps, et celui des autres ; mais il n'y remarque ordi­nairement que les parties qui ne sont pas dans l'état naturel et qui troublent l'harmonie.

Il retrouve dans sa mémoire le souvenir des choses qu'il avait oubliées pendant la veille.

Il a des prévisions et des pressensations qui peuvent être erronées dans plusieurs circons­tances, et qui sont limitées dans leur étendue

Il s'énonce avec une facilité surprenante.

Il n'est point exempt de vanité.

Il se perfectionne de lui-même, pendant un certain temps, s'il est conduit avec sagesse.

Il s'égare s'il est mal dirigé.

Lorsqu'il rentre dans l’état naturel il perd absolument le souvenir de toutes les sensations et de toutes les idées qu'il a eues, dans l'état du somnambulisme, tellement que ces deux états sont aussi étrangers l'un à l'autre, que si le som­nambule et l'homme éveillé étaient deux êtres différents. »

 

Et dans une note il ajoute : « Les divers carac­tères que je viens d'assigner au somnambulisme se trouvent rarement réunis dans un même sujet : le dernier seul est constant et distingue essen­tiellement le somnambulisme. »

Dans la séance VII, Faria décrit les principaux symptômes développés par les procédés exter­nes, qui sont : transpiration, palpitation du cœur, des éclats de rire ou des sanglots et des pleurs surtout dans le sexe féminin, une clôture des yeux qui est difficile à régler à volonté, suffocation et provocation au vomissement, malaise, maux de tête et engourdissement.

 

Et dans la séance VIII, il note l'extrême hyper-excitabilité cutano-musculairc pendant le som­meil lucide : « L'extrême sensibilité des époptes dans le sommeil, dit-il, est si exquise que per­sonne ne les touche sans leur causer des crispa­tions et même des convulsions, s'ils ne sont pas prévenus du besoin d'être en contact avec eux. Le concentrateur seul les touche impuné­ment sans les incommoder ; mais il lui arrive de leur causer de la surprise, parce qu'il n'est pas toujours présent à leur esprit. » (p. 188) Et un peu plus loin, il ajoute : « La gravité des sen­sations, que cause la surprise à des impressions même légères, dépend plus souvent du genre de leurs préventions que de la délicatesse de leur sensibilité exquise. S'ils se mettent dans l'esprit qu'on les blesse pendant qu'on ne fait que les toucher légèrement, ou qu'on les tou­che légèrement pendant qu'on les blesse, ils éprouvent les sensations correspondantes aux préventions et non aux impressions. » (p. 190)

 

4. — Nature.

Puységur considère le somnambulisme comme l'effet de l'électro-magnétisme, résultant de la faculté que le magnétiseur possède « d'accélérer le mouvement tonique des corps de nos sem­blables. 19 » Deleuze pense qu'il y a « une ligne de démarcation bien prononcée entre le som­meil et le somnambulisme, entre les sensations des somnambules et les songes. 20 »

Faria est le premier à émettre l'opinion que le sommeil lucide est, avec quelque réserve, de la même nature que le sommeil ordinaire : « Toutes les observations déposent jusqu'à l'évidence que le sommeil lucide et le sommeil naturellement profond sont une même chose. » (p. 34) « Celui qui est profond est ce que nous avons appelé le sommeil lucide. » (p. 35) Et plus loin il fait la réserve suivante : « Quoique le sommeil lucide soit aussi une maladie (comme la catalepsie) néanmoins c'est une maladie qui entre dans la catégorie de celles qui sont inséparables de la condition humaine. » (p. 82) L'opinionde Faria n'est pas partagée par l'Ecole de la Sal-pêtrière, qui considère les phénomènes de l'hypnotisme comme le résultat d'un état patho­logique, mais elle forme la base de l'Ecole de Nancy.

 

Faria admet divers degrés du sommeil lucide : « Les nuances sont si nombreuses qu'elles ne pourront jamais être assujetties à des don­nées générales et constantes (p. 194) ; et « la lucidité est toujours proportionnée dans son intensité à la profondeur du sommeil. » (p. 282) Dans le plus simple, il y a, après le commande­ment, une espèce de « voile épais » sur l'esprit, « un grand appesantissement sur les paupières 21 »et, dans le plus profond, complète amnésie au réveil.

 

Liébeault considère l'hypnose comme un état physiologique de la même façon que Faria, et il le divise en sommeil léger et en sommeil pro­fond ou somnambulique, le premier ayant qua­tre et le second deux degrés.

 

Bernheim observe : « Pour beaucoup de méde­cins ce sommeil hypnotique constitue un état anormal, anti-physiologique, si ce n'est patho­logique ; et les phénomènes qui le constituent sont analogues à ceux de l'hystérie ; l'hypno­tisme serait une névrose provoquée. » Pour lui. « ce qu'on appelle hypnotisme n'est autre chose que la mise en activité d'une propriété normale au cerveau, la suggestion 22 » et il classe l'hy­pnose en deux groupes principaux : sommeil avec souvenir conservé au réveil, et sommeil avec amnésie au réveil.

Déjerine, aussi, considère l'hypnotisme comme un état qui n'est pas pathologique : « Aujourd'hui on admet, d'une manière générale, avec Lié­beault et Bernheim, que les phases dites du grand hypnotisme sont un produit artificiel créé par l'éducation ; qu'il n'existe pas un grand et un petit hypnotisme, que l'hypnotisme n'est pas un état pathologique, et que dans l'hypnose, tout est affaire de suggestion (Forel, Moil, von Reterghem, Willesstrand, Delbeeuf, etc.). C'est là, du reste, une opinion que j'ai partagée. 23 »

 

5. — Théorie

Mesmer, Puységur et Deleuze expliquent la théorie des phénomènes somnambuliques par le fluide magnétique. Par exemple : « La lumière frappe nos yeux, et les nerfs dont la rétine est tapissée, en propageant jusqu'au cerveau l'é­branlement qu'ils ont reçu, y font naître la sen­sation de la clarté. Dans l'état de somnambulisme l'impression est communiquée au cerveau par le fluide magnétique. Ce que je dis de la vue peut s'appliquer à l'ouïe. 24 »

 

Faria est le premier qui formule une théorie psychologique pour expliquer les phénomènes du sommeil lucide, basée sur les principes géné­raux de la philosophie scolastique. Voici un résumé de ses idées développées dans les séan­ces IX, X et XI :

L'homme est composé de deux substances, l'une matérielle et l'autre spirituelle ; la dernière, ou l'âme dans son état libre jouit d'une intuition complète, c'est-à-dire, « dévoile le présent, le passé et le futur », elle connaît toutes les véri­tés ; mais quand elle s'unit avec le corps, elle ne peut pas connaître les vérités, sinon par les sens du corps, et partant sa connaissance est bien limitée. Quand une personne entre dans l'état du sommeil lucide, l'âme, pour ainsi dire, se dégage, à divers degrés, mais pas entièrement du corps, et jouit de l'intuition mixte ; c'est-à-dire, les idées peuvent être ou vraies ou faus­ses ; elle peut dévoiler aussi, dans certains cas très rares, le passé et le futur, mais ses idées sont toujours sujettes aux erreurs. De la même manière, l'âme, dans son état libre, jouit de la lucidité ou de la faculté de raisonnement parfait, mais, chez l'homme, elle est aussi mixte ou sujette aux erreurs. En un mot, le sommeil lucide place 1 homme dans un « état intermédiaire entre l'homme sensitif et le pur esprit. » (p. 51)

 

Faria attachait une grande importance à ces explications ; il considérait les hommes de génie comme Socrate et Swedenborg comme des cata­leptiques.

Inutile de dire, que la théorie de Faria n'est pas acceptable ; en effet, il n'y a jusqu'à présent aucune théorie qui soit satisfaisante ; mais il était sur la bonne voie, en cherchant à expli­quer la cause finale des phénomènes du som­meil lucide dans le propre épopte, au lieu de la chercher ailleurs, comme l'ont fait tous ses pré­décesseurs.

 

II. — FARIA ET LA SUGGESTION

Faria est le premier à étudier la suggestion 25 en hypnotisme d'une manière vraiment originale. Pour donner une idée de ce qu'il a fait dans cette branche de science, j'adopterai comme base une classification moderne, et je citerai sur chaque titre ses opinions et ses expériences, autant que possible dans ses propres termes.

 

La base de sa doctrine est exprimée par lui en peu de mots : « Les époptes disposent à l'or­dre des concentrateurs de tous les organes externes ou internes au gré de leurs désirs, de sorte que ceux-ci les assujettissent à recevoir les impressions voulues, indépendamment de toute action sensible des objets analogues et à exciter dans l'âme les idées correspondantes. » (p. 60) « Dans la distraction profonde qui suit la con­centration occasionnelle, le concentrateur seul reste présent au souvenir des époptes » (p. 191), c'est-à-dire, les somnambules deviennent « étran­gers non seulement à ce qui les entoure mais aussi quelquefois même à leur propre existence. » (p. 189) Ils sont « sourds à toutes voix étrangères » (p. 157), « à moins que quelqu'un... par la célébrité de son nom 26 et de ses actions dans la carrière du sommeil lucide n'ait frappé leur esprit d'une admiration du moins égale à celle dont ils sont pénétrés pour leurs propres concentrateurs. » (p. 192) Pendant le sommeil lucide (es somnambules développent « l'initia­tion mixte et la lucidité », ou comme nous dirions maintenant, l'exaltation des sens spé­ciaux et des facultés intellectuelles.

 

Les suggestions sont aujourd'hui classées : 1° selon leur but, en expérimentales ou scien­tifiques et thérapeutiques ; 2° selon le temps de leur réalisation, en intra-hypnotiques et en post-hypnotiques ; 3º selon les agents qui les provoquent, en externes et en internes ou auto­suggestions ; 4° selon l'organe qui en est le siège ou l'aboutissant, en ceux portant sur la motricité, la sensibilité, la psychicité, les actes, le dédoublement de la personnalité, et les appa­reils habituellement soustraits à la volonté, comme la circulation, la digestion, etc.

 

Les suggestions peuvent être ou positives ou négatives, c'est-à-dire, on peut suggérer un mou­vement ou une paralysie, une sensation ou une anesthésie, une idée ou une amnésie ; et à l'égard de l'objet suggéré, il y a des hallucina­tions ou perception des sensations sans aucun objet extérieur, et des illusions ou sensation ayant pour point de départ un objet.

 

Nous examinerons les suggestions dans l'or­dre suivant: 1° Intra-hypnotiques, 2°post-hyp­notiques, 3° à l'état de veille, 4° auto-suggestions 5° suggestions thérapeutiques, et conclurons cette partie avec 6° quelques autres opinions et observations de Faria.

 

Les contemporains de Faria ne connaissaient pas les suggestions par la méthode de « la parole » ; ils se moquaient de lui quand il pré­tendait causer, dans ses somnambules, des sensa­tions et des mouvements de diverses espèces: de convertir l'eau en vin, de paralyser et déparalyser un membre, de causer l'insensibilité pour per­mettre des opérations chirurgicales, et surtout de traiter ses malades sans fluide magnétique et sans volonté externe. Ils le considéraient comme un visionnaire, un imposteur, un fou. « On exige, tyranniquement, s'écrie Faria, que tous ceux qui parcourent la carrière du sommeil lucide s'y sou­mettent (à la théorie du magnétisme animal et de la volonté externe) sous peine de passer pour des jongleurs. » (p. 310)

 

1. — Suggestions intra-hypnotiques

Ce sont des suggestions données et exécutées pendant le sommeil lucide. Nous verrons que Faria connaissait admirablement la production de ces suggestions sur « tous les organes inté­rieurs et extérieurs. »

 

a). Suggestions motrices et écholalie. — Faria par ses suggestions paralysait un « membre nommé. » (p. 62) Il paralysait et déparalysait, par sa parole, une jambe, un bras, les muscles des yeux, de la bouche, de la langue, etc. Lui et ses contemporains avaient observé ce qu'on nomme aujourd'hui l'écholalie ou la voix d'é­cho. Dans cet état mental on peut faire au som­nambule, « répéter des mots prononcés de lan­gues étrangères ; il répète tout avec une fidélité qui est souvent étonnante. Certains malades conservent aussi l'intonation 27. » Voici ce que Faria observe à cet égard : « Les somnambules répondent dans la langue maternelle aux lan­gues étrangères et quelquefois même ils les parlent avec facilité. » (p. 71) Et « l'observai ion même démontre qu'aucun des époptes dévelop­pés, quelque lucides qu'ils aient pu être, n'a jamais fait ce que des époptes naturels ont par­fois exécuté, comme de parler des langues étrangères avec toute la facilité propre aux seuls indigènes. » (p. 34)

 

b) Suggestions sensitives : hallucinations et illusions sensorielles et générales. — Faria cau­sait des hallucinations et des illusions sensitives et sensorielles. « Ainsi, dit-il, sans la présence des objets propres les époptes voient, flairent, entendent, palpent, goûtent ce qui n'est que nommé... L'ouïe par exemple... écoute ce qui a été dit une fois ;... ils trouvent la saveur détermi­née qui n'existe pas dans ce qu'on leur pré­sente... ils palpent les corps qui ne sont pas devant eux... ils voient et flairent quoiqu'ils n'aient pas les objets devant eux. Il ne faut pas croire que tous ces effets ne soient qu'illusoi­res : ils sont si réels qu'ils répondent dans leurs corps à tous ceux qui appartiennent à leur causes naturelles. Ainsi un verre d'eau ava­lée dans l'idée d'eau-de-vie, enivre complète­ment. » (p 6o)

 

« Il demandait à ses somnambules, pendant leur sommeil, s'ils voulaient prendre quelque rafraîchissement ou bien quelque médicament, et il leur

donnait ensuite un verre d'eau, auxquels ils trouvaient la saveur de la substance qu'ils avalent cru prendre. Il leur offrait du tabac, et leur faisait respirer une substance inodore qui produisait sur eux le même effet que si elle eût été du tabac à priser. J'ai vu une somnambule qui, croyant respirer une odeur forte comme celle de l'ammoniaque, ne pou­vait supporter pendant quelques secondes l'ap­proche d'un flacon vide qu'on lui mettait au-dessous des narines. D'autres éprouvaient des sensations de froid, de chaud, enfin de toute espèce. 28 »

 

Un exemple de suggestion qui, à la première vue paraît incroyable : « M. B..., officier d'état-major employé à Paris, était, a dit Noizet, fort bon somnambule ; je le vis chez l'abbé Faria. On lui présenta un jour un mouchoir pendant qu'il était éveillé. Il le prit, l'examina, et le ren­dit sans rien éprouver de particulier. L'abbé Faria l'endormit aussitôt après, et dès qu'il fut plongé dans un sommeil profond on le vit éprouver de violentes convulsions. Interrogé sur la cause de cet état, il répondit qu'il prove­nait du mouchoir qu'on lui avait fait toucher, et qui appartenait à un enfant affecté d'une mala­die de consomption, ce qui était vrai. L'abbé Faria eut beaucoup de peine à le calmer, et il n'y parvint qu'en l'assurant qu'on avait éloigné de lui le mouchoir. 29 » L'explication de cette expérience est simple. L'officier savait, soit par le format, soit par une autre circonstance quel­conque, que le mouchoir appartenait à un entant. Le moyen qui lui a fait découvrir, que le mou­choir appartenait à un malade consomptif, fut probablement l'odeur de ce mouchoir. On sait que les diverses exsudations du corps ont une odeur distinctive, et l'odeur, que l'officier attri­buait dans son état de veille à la consomption lui devenait perceptible seulement, quand il était dans l'état de somnambulisme, à cause de l'exal­tation de son sens d'odorat. Ou encore, il est possible, qu'il ait fait la découverte par la vue d'un crachat sur le mouchoir, qui lui avait échappé dans son état de veille. (Cf. p. 358)

 

De toutes ces expériences de suggestions motrices et de sensibilité, il est facile de voir, que Faria avait pleine connaissance des sugges­tions positives et des suggestions négatives.

 

c). Suggestions psychiques et (d) d'Actes. — Les suggestions psychiques sont celles qui por­tent seulement sur une idée ou sur la mémoire. Elles peuvent être simples ou se terminer dans un acte ou dans une succession d'actes. On peut suggérer les idées par la vue ou par les autres sens. Faria dit : « Quand les époptes sont diri­gés par une indication externe, digne de leur confiance, ils conforment leurs opérations intel­lectuelles et leurs actions corporelles à l'exacte précision du commandement. » (p. 191) Il « de­mandait, par exemple, à un somnambule s'il désirait voir quelque personne absente à la­quelle il fût attaché. Lorsque cette personne était désignée, il ordonnait au somnambule de la voir, et aussitôt elle lui apparaissait. Il lui commandait ensuite de fixer dans sa mémoire l'image de cette personne et de continuer à la voir, même après le réveil, jusqu'à ce que par un signe, il détruisit l'illusion. Il le réveillait, et l'image restait présente jusqu'à ce qu'il fît le signe convenu. Je me souviens d'avoir vu faire cette expérience sur un officier russe, qui voulut voir sa femme restée dans son pays. L'illusion donna lieu au spectacle le plus attendrissant. Cet officier versait des larmes amères en croyant voir l'objet de sa tendresse se refuser à ses embrassements ; mais bientôt se dissipèrent et les charmes et les regrets. 30 »

 

Dans cette expérience il y a une suggestion psychique de l'idée et de la mémoire de sa femme, suivie d'acte. L'acte peut être, selon la suggestion, intra-hypnotique ou post-hypnoti­que.

 

e). Dedoublement de la personnalité ou modi­fications suggérées de la personnalité. — Dans cette suggestion, l'individu change psycholo­giquement, et devient un autre individu. Ce dédoublement peut être spontané. Faria con­naissait très bien cet état : « Le sommeil lucide, dit-il, se développe ordinairement les yeux fer­més, mais il est des personnes qui dorment les yeux ouverts... Les yeux ouverts, chez eux, sont toujours immobiles... Toutefois il y en a qui les ouvrent et voient ce qui se passe devant eux, mais sans en garder la mémoire à leur réveil. Leur nombre est si petit qu'ils peuvent être regardés comme une merveille dans cette espèce de phénomènes. »

 

« Il y en a aussi dans cette catégorie qui, sans être cataleptiques, dorment pendant des années entières en remplissant toutes les fonctions qui conviennent à leur âge, à leur état et à leur sexe, au point qu'on a de la peine à croire qu'ils ne sont pas dans leur état parfait de sensation. Etant éveillés au commandement, ils décèlent un état d'imbécillité, ne connaissent rien de ce qui les entoure et rapportent tout à l'époque qui a précédé leur sommeil. Dans les réveils intermé­diaires ils ne se remettent que ce qu'ils avaient vu dans le temps de leur état habituel de veille. » (p. 174)

 

Les contemporains de Faria, comme Deleuze, avaient aussi observé le dédoublement de la per­sonnalité, mais ils n'avaient remarqué ni sa longue durée, ni l'influence de la suggestion verbale ou commandement pour faire cesser le dédoublement.

 

f). Suggestions dans les appareils habituelle­ment soustraits à la volonté. — « Aussi, dit Faria, tout épopte jouit..., de la faculté de maî­triser le mouvement nécessaire du corps » à « la volonté du concentrateur. » (pp. 44, 43) Par le mouvement nécessaire du corps, il entend la palpitation du cœur, la circulation du sang, la pulsation des artères la respiration et la diges­tion. H admet qu'il y a des personnes « qui exercent par une disposition naturelle une por­tion de cette autorité sur quelques branches du mouvement nécessaire. » (p. 63) Ces deux citations démontrent que Faria savait qu'on peut dominer les appareils habituellement soustraits à la volonté, soit par suggestions externes, soit par auto-suggestions.

 

2. — Suggestions post-hypnotiques

Ces suggestions sont données pendant le som­meil mais exécutées, ou tout de suite après le réveil, ou après un intervalle plus ou moins long. Faria donnait des suggestions de ces deux espèces. Toutes les suggestions post-hypnotiques peuvent porter, comme dans le paragraphe précédent, sur la motricité, sensibilité, psychicité, etc. « Toutes les fois, dit Faria, qu'on grave la mémoire des époptes de ce qui se passe dans le sommeil, ils le rapportent généralement à leur réveil, comme un songe qui leur a représenté une scène. » (p. 176) « Ils gardent la mémoire de tout ce qu'on désire dès qu'on leur enjoint dans le sommeil d'y replier leur attention pour s'en rappeler au réveil. Cette expérience n'a pas lieu ordinaire­ment sur les nouveaux époptes... Toutefois il y en a qui replient leur attention sur ce qu'on leur recommande ; et tous sont également aptes à la replier spontanément lorsqu'une impulsion interne les y pousse. » (p. 179)

 

« Voici comment on s'y prend pour provo­quer cet effet. On engage l'épopte endormi à voir au loin une personne qui lui est connue, ou qu'il puisse connaître par un tactile; on le force ensuite à la voir dans une glace du lieu ou sur l'un des spectateurs du même sexe, placé devant lui ; on lui recommande ou en pressant légèrement le siège de la mémoire 31, ou sim­plement sans aucun attouchement, de replier son attention sur l'objet en question, pour l'avoir devant ses yeux à son réveil, comme il l'a devant son intuition pendant son sommeil, et on le rappelle ainsi à l'état de veille. Tant que l'épopte, en ouvrant les yeux, ne détourne pas son attention et sa vue, il voit la scène de a même manière que dans son sommeil, et aussi longtemps qu'il veut s'y fixer. » (p. 255)

 

Et un peu plus loin, il ajoute: « Cependant il est des époptes qui, en raison de leurs disposi­tions éminentes et de la conviction intense qui en résulte, voient à leur réveil ce qu'ils ont vu dans leur intuition, non seulement sur tout objet quelconque de quelque matière qu'il soit, mais même sur parole, sans la présence d'aucun objet effectif. Ainsi si c'est une femme qu'ils ont vue dans leur sommeil, ils la voient de même à leur réveil sur la présentation d'un homme, et même sans aucun objet qui tombe sous les sens. Etant engagés dans cet état de sensations à en parcourir les détails, ils y démêlent le sexe du modèle, ses traits, sa coiffure et son habille­ment, et ne s'aperçoivent de leur bévue que lorsque par un geste de la main sur les yeux, on semble les rappeler à l'exercice de leurs visions naturelles. » (p. 257)

 

Les époptes éprouvent « au commandement du concentrateur les effets analogues sur tous les organes externes, sans en excepter un seul. » (p. 258)

Nous avons, dans ces expériences, des exem­ples d'illusions et d'hallucinations.

Voici ce que Faria dit sur les suggestions à longue échéance : « Toutes les fois qu'un épopte dort au commandement, il ne dort pas parce qu'il le veut, mais prévenu qu'il ne dort que par la force et l'influence du motif. Aussi il doit, loin du concentrateur, dormir à l'heure dite et au signe donné, comme de toucher à un de ses doigts, de regarder une bague, de penser à son directeur. » (p. 43)

Dans cette expérience, le somnambule reçoit la suggestion pendant le sommeil, il l'oublie en se réveillant, mais il l'exécute à un moment donné, comme provenant de sa propre volonté.

 

Les suggestions post-hypnotiques peuvent dépendre aussi d'auto-suggestion : « Il y avait aussi, dit Faria, ceux qui, sans aucun concours étranger, s'endormaient et s'éveillaient à leur gré, ayant la précaution d'annoncer dans le sommeil précédent le moment précis du som­meil suivant, et qui y donnaient des consulta­tions sur leurs maladies propres. » (p. 312)

 

3. — Suggestions dans l'état de veille

Tous les effets des suggestions, observe Faria, « se développent non seulement pendant le sommeil lucide, mais aussi dans l'état de veille des époptes, lorsqu'ils ont été du moins une fois endormis occasionnellement. » (p. 62) « Cepen­dant il y en a qui exercent aussi ces facultés, sans avoir jamais dormi, et sans pouvoir même le faire. Cet exercice hors du sommeil n'est pas néanmoins aussi complet que dans le sommeil, soit en ce qui concerne l'intuition, soit en ce qui concerne l'empire sur les mouvements du corps. » (p. 44)

Faria faisait sur plusieurs personnes et sur les somnambules, lorsqu'ils étaient éveillés, différen­tes expériences de la nature décrite dans les sections précédentes : « A son seul commande­ment, dit Noizet32, il leur paralysait soit un bras, soit une jambe, soit les yeux, la bouche ou les oreilles. Cette expérience ne manquait jamais sur les bons somnambules ». Noizet se soumit lui-même à ses expériences, et il dit : « Faria me faisait à volonté ressentir sur les paupières un appesantissement que je ne pouvais surmon­ter... On n'a jamais pu obtenir sur moi que la paralysie des paupières. »

 

4. — Auto-suggestions

Il faut surtout noter l'opinion de Faria sur la concentration dans l'état de veille, ou auto-sug­gestion, qui est tant en vogue aujourd'hui parmi ceux qui prétendent guérir tous les malades par la Science chrétienne.

Faria demande : « N'est-ce pas un paradoxe que de dire qu'on influe sur ses propres actions, et qu'on ignore sa propre influence ? Non, c'est une vérité en acte, mais peu remarquée par les physiologistes et par les philosophes. » (p. 45)

Ces suggestions peuvent être ordonnées pen­dant le sommeil et exécutées après un inter­valle de temps, comme provenant de la propre volonté de l’épopte, ou elles peuvent être spon­tanées. Nous avons déjà cité un exemple de la première espèce sous le sous-titre « suggestions psychiques et d'actes », et on en trouvera un de autre espèce dans le paragraphe consacré aux suggestions thérapeutiques.

L'auto-suggestion est la base de ce qu'on nomme le fakirisme, et aussi de plusieurs phé­nomènes considérés par la foule comme mira­culeux.

 

5. — Suggestions thérapeutiques

La suggestion pour la guérison des malades a été employée dans les temps les plus primitifs. Le baquet de Mesmer et le vieil orme de Puységur guérissaient, nul doute, quelques malades aussi par suggestion. On peut réduire le précepte des contemporains de Faria, pour le traitement de de leurs malades, à celui-ci : « Touchez attenti­vement les malades avec la volonté de leur faire du bien, et que cette volonté ne soit dis­traite par aucune autre idée. 33 »

 

Il était réservé à l'abbé Faria de donner la véritable explication de la suggestion, et de la pratiquer, pour ainsi dire, scientifiquement. Il dit : « A la seule parole », sans aucun fluide magnétique, sans aucune volonté externe, sans aucune influence divine ou maligne, « on peut rendre malades des époptes bien portants, et rendre bien portants les époptes malades. » (p. 211)

 

Les suggestions thérapeutiques ne diffèrent des quatre groupes précédents que par leur but. Nous avons, partant, des suggestions thérapeutiques intra et post-hypnotiques, des suggestions théra­peutiques à l'état de veille, et des auto-sugges­tions thérapeutiques. Il y a des suggestions théra­peutiques positives ou négatives, c'est-à-dire, on peut causer ou arrêter une évacuation; et des hal­lucinations et illusions thérapeutiques, c'est-à-dire, que l'on peut donner une poudre indiffé­rente et suggérer que c'est du calomel, ou on peut faire des suggestions simples sans aucun médi­cament.

 

a). Suggestions thérapeutiques intra-hypnoti­ques.— «Ainsi, dit Faria, un verre d'eau avalé... dans l'idée d'un purgatif évacue autant qu'exige la nature ; dans 1'idée d'un émétique, il provoque des vomissements sans effort et sans souffrance. De même de l'eau présentée aux narines comme une odeur dissolutive d'un dépôt dans la tête produit l'effet annoncé. Il en faut dire autant des autres sens en ce qui les concerne. Il en résulte, qu'une poudre indifférente étant admi­nistrée comme un curatif des places internes, ou comme un vermifuge, atteint son but d'une manière aussi prompte qu'efficace ; et voilà ce qui concerne l’empire des époptes sur leurs organes internes, d'après l'enonciation de leurs concentrateurs. D'après cela, il n'est plus besoin d'accéder qu'aux ordres de ces derniers, les premiers se paralysent dans le membre nommé, éprouvent les douleurs annoncées, et se soula­gent sur le champ même de leurs souffrances chroniques. Ce dernier effet ne peut être com­plet dans sa guérison radicale qu'avec la répéti­tion des actes successifs. 34 » (p. 62)

 

b). suggestions thérapeutiques post-hypnoti­ques. — « Lorsqu'on recommande aux époptes dans le sommeil de découvrir ce qu'ils ne voient pas dans leur état de veille, on les trouve ponctuels dans le sommeil suivant à remplir exactement la tâche imposée, en ajoutant que, sans s'en douter nullement, ils s'en sont occu­pés après leur réveil. Ils éprouvent de même dans leur état de veille, à point nommé, l'effet déterminé pendant leur sommeil, comme l'éva­cuation menstruelle, les vomissements, les sel­les et autres semblables. » (p. 211)

 

c). Suggestions thérapeutiques à l'état de veille. — Pour obtenir un résultat favorable dans une maladie « les époptes, aptes au som­meil, ont besoin d'être instruits d'avance de ce qu'ils doivent éprouver pour l'amélioration de leur état de malade et pour le rétablisse­ment de leur santé. La promptitude avec laquelle les malades aptes au sommeil lucide éprou­vent ces effets salutaires et les autres qui sont détaillés dans la suite, exige toujours une concentration dans l'état de veille. (p. 42) Et tous les effets favorables « se développent non seulement pendant le sommeil lucide mais même aussi dans l'état de veille des époptes, lorsqu'ils ont été au moins une fois endormis occasionnellement. » (p. 62)

 

d). Autosuggestions thérapeutiques. — « J'ai vu, dit le général Noizet35, chez l'abbé Faria, plusieurs malades s'ordonner des traitements, les suivre et guérir. L'un deux, M. B..., capi­taine de cavalerie, avait été condamné par plu­sieurs médecins qui le disaient attaqué d'un ulcère au poumon. Je l'ai vu fort malade. Il sui­vit un traitement qu'il s'était lui-même ordonné, et en moins de trois semaines il fut bien portant. » Les médicaments . ordonnés par les malades étaient probablement bien inoffensifs, mais le résultat favorable, en quelques cas, était, dû, nul doute, à l'auto-suggestion. Le malade, dans ce cas, est son propre hypnotiseur.

 

Anesthésie hypnotique chirurgicale. — Faria connaissait parfaitement la valeur de l'hypnotisme dans les opérations chirurgicales. Quelques époptes, dit-il, « sont inaccessibles aux plus légères sensations dans de graves incisions, blessures et amputations. Mais ces effets deviennent généraux et communs à tous les époptes dès qu'on prend la précaution de paralyser le membre ou la partie du corps qui doit être assujettie à une opération pénible et douloureuse. Cette mesure les rend tout à fait insensibles, et les éloigne même parfois à leur réveil de l'idée de l'opération subie. 36 » (p. 190)

 

Observations générales sur les suggestions thérapeutiques. — Faria n'avait pas l'idée que le sommeil lucide était une panacée pour tous les maux ; au contraire, « ce genre de traiter les malades, dit-il, est souvent avantageux, quel­quefois nul, et parfois extrêmement dangereux et funeste. » (p. 124) « Si l'on consulte l'expé­rience on doit s'apercevoir qu'étant considérée sous son juste point de vue, l'action de concen­tration a souvent fait du bien et du mal aux personnes aptes, et quelquefois rien à celles qui n'avaient point les dispositions requises. L'usage de l'action de concentrateur ne peut être fait que sur certaines maladies précises, et par les personnes qui en connaissent la na­ture... Et l'expérience journalière prouve assez que les mêmes maladies ne cèdent pas toujours aux mêmes moyens curatifs. (p. 276)

 

« Le bien-être provenant de la concentration des malades aptes au sommeil lucide est extrê­mement prompt et décisif. Souvent il est sensi­ble, avant vingt-quatre heures, et môme au bout de deux heures et d'une heure. Ces effets ont besoin de leur être annoncés d'avance, sous peine d'être réduits à ne se développer qu'a­vec lenteur, et dans une progression graduelle. » (p. 41)

 

Pour montrer comment la suggestion opère même dans le traitement avec médicaments. Faria observe : « Souvent même des simples indifférents, mais pris avec confiance, produi­sent des effets plus salutaires que les simples reconnus pour être les plus efficaces. C'est que la conviction intime, qui enfante la plus haute confiance, règle plus les sucs internes.... que tous les moyens pharmaceutiques. Voilà l'empire de la nature individuelle, lorsque la machine a des dispositions requises à lui obéir sans résistance. » (p. 276) Et, pour être traité par suggestion, il n'y a aucune nécessité de mé­dicaments : « Nous avons déjà annoncé, dit Faria, que nul épopte, de quelque grave maladie qu'il soit atteint, n'a besoin de médicaments ni d'ordonnances, qu'il se prescrit et qu'il a dans son sommeil seul, ou même dans ses seules dispositions au sommeil, tout ce qui est néces­saire à son propre rétablissement. » (p. 274)

 

Après toutes ces observations sur les sugges­tions thérapeutiques, il est évident que, dans le traitement médical et dans l'anesthesie hypno­tique chirurgicale par suggestion, il n'y a aucune autre méthode que celle établie par l'abbé Faria, et c'est la seule employée aujourd'hui dans la clinique médicale.

 

6.— Quelques autres opinions et observations trouvées dans l'ouvrage de Faria

Je veux donner ici quelques opinions et observations de Faria que je n'ai pu consigner dans les sections précédentes. Il ne faut pas ima­giner que toutes ces opinions soient nées avec Faria ; il est le premier à dire, que les phénomè­nes du sommeil lucide sont « aussi anciens que le berceau de l'homme, si bien qu'ils sont remarqués en Europe par l'observateur philoso­phe seulement depuis peu d'années. » Mais ce qui est certain, c'est qu'il a expliqué tous ces phénomènes d'une manière tout à fait différente de celle de ses contemporains.

 

1° Faria avait fait des expériences de sommeil lucide sur plus de cinq mille personnes, (p. 27) Il croyait qu'on pouvait hypnotiser, en France, une sur cinq ou six personnes (p. 142) ; et qu'il était beaucoup plus facile de produire le sommeil lucide chez ceux qui avaient été endormis déjà au moins une fois. Pour lui, le consentement du sujet était nécessaire.

 

2° Comme conséquence naturelle de sa théo­rie, il insiste sur la valeur des phénomènes du sommeil lucide dans les études psychologiques : « Je conviens, dit-il, que ce que la philosophie a fait est beaucoup plus qu'on ne devait en espérer... mais elle peut faire encore davantage à 1 aide de l'état d'abstraction des sens. » (p. 106)

 

3° Comme le sommeil lucide est, selon Faria, de la môme nature que le sommeil naturel, on peut donner dans celui-ci, en quelques cas, des suggestions analogues et « graver dans la mé­moire » quelques nouvelles idées, (p. 175)

 

4° Il connaissait les dangers du sommeil lucide indiscriminé. Il observe : « Dire que le magné­tisme ne peut que procurer du bien-être est un aphorisme imprudent, et qu'avec les meilleures intentions on se rend parfois coupable de suites funestes. » (p. 124)

 

5° Sa description du massage (p. 133) est bien intéressante ; et ses idées sur les acces­soires du sommeil lucide (pp. 70, 71) ont quel­que ressemblance avec le spiritisme, et avec ce que l'on nomme le bouddhisme ésotérique.

 

6° Une de ses idées principales et constantes était de maintenir ses somnambules dans un état de calme, contrairement à ce que pratiquaient Mesmer et quelques-uns de ses disciples. « La crise, selon Faria, n'est qu'un état contraire au cours ordinaire de la nature ». (p. 82)

 

7° « Les époptes, observe-t-il, ne sont étonnants devant la raison humaine que par leurs con­naissances profondes sur toute espèce de sujets, sans les avoir jamais puisées dans l'étude et dans la méditation. Ils maîtrisent tous leurs mouvements nécessaires : ils atteignent les objets a toute distance de temps et de lieux, et con-séquemment à travers tous les obstacles : ils lisent sans le secours des yeux, tout livre même fermé : ils dévoilent la pensée même, lorsqu'elle est constante ; ils provoquent mille autres effets sensibles et réels. » (p. 287) Mais «espérer trou­ver dans les annonces une certitude sans mélange d'erreurs, c'est se bercer d'une attente vaine qui ne se réalise jamais. » (p. 261) La doctrine de clairvoyance manque de démonstration scientifique, mais énoncée, comme Faria l'a fait, elle n'est pas impossible, chez les sujets conve­nables et aptes, et avec certaines restrictions évidentes.

 

8° Faria exprime, sous diverses formes, des idées comme les suivantes : « L'homme est constitué d'une manière si particulière qu'il a la faculté, dans certaine disposition de sang, de savourer sans que ce soit par le palais, d'enten­dre sans que ce soit par l'ouïe, de flairer sans que ce soit par les narines, de voir sans que ce soit par les yeux, et de palper sans que ce soit par le tact. » Et que ces phénomènes dépen­dent de « sens internes. » (p. 359) Si par les « sens internes » on désigne « les centres ner­veux visuel, auditif, etc. », on comprend ce que Faria veut dire.

Finalement, il ne faut pas oublier, en lisant le volume de Faria, qu'il n'a pas pu approfondir plusieurs des questions présentées par lui seu-ement en thèse ; et qu une doctrine scientifi­que ne sort jamais complète d'un seul cerveau. Tout ce qu'un vrai savant peut faire, c'est en éta­blir les bases.

 

III. — OPINIONS DES AUTEURS MODERNES SUR LA DOCTRINE DE FARIA. — RéSUMé ET OBSERVATIONS FINALES

Nous voulons terminer ces notes par quel­ques citations des auteurs les plus autorisés, sur la doctrine de l'abbé Faria. Nous com­mencerons par l'année 1882, rendue mémora­ble par la note de Charcot 37 soumise à l'Aca­démie des sciences. C'est depuis cette année que l'Académie de médecine a ouvert ses por­tes, qui étaient fermées depuis 1840, à l'étude de l'hypnotisme, et que la Faculté de médecine a autorisé M. Bérillon à professer un cours sur les applications thérapeutiques de l'hypnotisme.

 

Les citations sont faites dans Tordre chrono­logique des ouvrages de chaque auteur, et on verra comment graduellement elles deviennent de plus en plus favorables à la doctrine de Faria.

 

Brown-Séquard, l'éminent physiologiste et médecin, dit 38:

« Avant Braid, deux observateurs distingués, l'abbé Faria et A. Bertrand avaient en partie trouvé l'influence qu'exercent sur eux-mêmes les individus hypnotisés et ils avaient attribué cette influence à leur imagination1. Mais Braid a été beaucoup plus loin en montrant d'une part que l'imagination proprement dite n'a guère de rôle dans les phénomènes hypnotiques et d'une autre part que tort ce qui se produit dans l'hypnotisme dépend d'actions de l’individu sur lui-même et non d'une force extérieure autre que les forces physiques connues. »

 

1. Faria a consacré la séanse XII pour démontrer l'incompa­tibilité de l'imagination avec l'intuition d'époptes. La doc­trine que Brown-Séquard attribue à Braid est, comme nous l'avons démontré, exactement et entièrement celle de Faria. La théorie de A. Bertrand est tout à fait différente. Après avoir exposé ses idées, cet auteur arrive aux conclusions suivantes :

 

1º Que l'homme est susceptible de tomber dans un état particulier, tout à fait distinct de tous ceux qui ont été reconnus jusqu'ici en lui ; d'un état unique quant à sa nature, bien qu'il soit susceptible de se présenter sous les formes les plus diverses ; -

a' Que cet état, que je désigne sous le nom générique d'extase, est celui qui s'observait chez les possédés des siè­cles précédents, et chez les inspirés «les différentes sectes religieuses ;

 

3º Que cet état n'est pas une maladie proprement dite, quoique certaines maladies, comme les affections convulsi­ves, y prédisposent éminemment, et qu'il ne survient jamais que dans des circonstances déterminées ;

 

4º Que la plus puissante de ces circonstances est une exal­tation morale portée à un haut degré ;

 

5º Que l'état d'extase n'a point cessé de se manifester avec les siècles d'ignorance, qu'il s'est prolongé dans tous la cours du XVIII siècle, et qu'il ne cesse de se reproduire jour -nettement sous nos yeux, dans les traitements des magnéti­seurs, ou il se maintient ignoré ou méconnu de nos savants» depuis quarante ans. « Du Magnétisme animal en France » par Alexandre Bertrand, Paris, 1826, p. 474

Liébeault (le docteur A.), un des principaux fondateurs de l'Ecole de Nancy, observe : « Les manifestations des états hypnotiques se pré­sentent sous deux aspects : elles sont d'or­dre psychique ; les premières sont plus élémen­taires, les secondes à peine entrevues, plus relevées. Et ces deux manières d'être du magné­tisme M. le Dr Durand (de Gros) les a désignées les unes sous le nom de Braidisme (il serait mieux de dire Fariisme) et les autres sous celui de Mesmérisme, et cela à l'instar de l'électricité statique, et de l'électricité dynamique.39 »

Gilles de la Tourette (le docteur), chef de clinique de» maladies du système nerveux à la Faculté de Paris, auteur d'un ouvrage classique sur l'hypnotisme, couronné par l'Institut et par la Faculté de médecine, est un de ceux qui ont le mieux rendu justice à la doctrine de Fana. Voici quelques passages :

 

L'électro-magnétisme de Puységur, dit-il 40, « régnait à cette époque (1819) en souverain. Cette théorie avait toutefois quelques adver­saires dans les spiritualistes. Un éclair for­midable allait éclater dans ce ciel pur, au moment même où le magnétisme, délaissé pen­dant la Révolution et pendant l'Empire, reve­nait à flot avec les Bourbons. »

 

« Ce fut l'abbé Faria, prêtre portugais, brah­mine, comme il s'intitule lui-même, qui, venu directement des Indes, allait causer toute cette révolution. L'arbre de Buzancy l'avait désillusionné; le fluide magnétique n'existait pas, tout était dans l'imagination et non pas dans l'ima­gination du magnétiseur qui ne disposait d'au­cune vertu, mais bien dans celle du sujet à magnétiser. »

Ensuite l'auteur cite la théorie de Faria sur la liquidité du sang, et ajoute : « Faria n'avait peut-être pas tout à fait tort ; car nous verrons que parmi les femmes, et ce sont elles surtout qui sont le plus facilement hypnotisables, les plus sensibles présentent parfois un degré d'anémie assez marqué. Toutefois, il est impossible de généraliser cette doctrine, et surtout de la prendre au pied de la lettre. »

 

Après avoir décrit les procédés de Faria pour produire le somnambulisme, il les commente de la manière suivante : « Qu'on nous permette d'insis­ter sur tout l'intérêt que présente cet exposé ; il contient, plus qu'en germe, toute la théorie de Braid et toute celle de la suggestion, qui en est un corollaire. » Quant aux phénomènes observés par Faria chez les époptes « l'oubli au réveil est surtout expressément noté. »

 

« Faria est un excellent observateur, partisan de l'identité du somnambulisme et du sommeil naturel, il s'est attaché à étudier les cas du sommeil prolongé et, le premier, il a décrit en quelques lignes, l'intéressant état étudié par M. Azam et dans lequel il existe toujours un dédoublement de la personnalité... Deleuze avait bien observé dans deux cas que ce dédou­blement de la personnalité pouvait exister chez les somnambules ; mais il n'avait pas vu la longue durée du phénomène décrit par Faria. »

 

L'abbé Faria acquit immédiatement une renom­mée considérable.   Mais son triomphe ne dura pas longtemps. « Faria, comme Mesmer, dont il avait tant attaqué les doctrines, dut se retirer sous les quolibets qui l'accueillirent de toutes parts. Mais à l'inverse de ce dernier, l'avenir lui réservait une revanche éclatante. »

 

Pitres (le docteur S.), professeur et doyen de la Faculté de médecine de Bordeaux, après avoir donné une description des méthodes de Faria, dit : « Il devait publier un ouvrage en qua­tre volumes, dont un seul a paru, et cela est très fâcheux, car, malgré ses allures mystiques il a fort bien présenté quelques-uns des symp­tômes du somnambulisme provoqué. C'est lui, en particulier, qui a le premier décrit les phé­nomènes d'hallucination sensorielle qui se pro­duisent si facilement chez les somnambules, et réalisé l'expérience, aujourd'hui vulgaire, qui consiste à faire éprouver par suggestion, aux personnes endormies toutes les sensations pos­sibles. 41 »

 

Crocq (le docteur), agrégé à la Faculté de médecine de Bruxelles et chef du service des maladies nerveuses à l'hôpital de Molenbeck (Bruxelles), observe : « C'est en 1 815, que com­mence l'ère de l'hypnotisme tel qu'on le conçoit aujourd'hui; son fondateur fut l'abbé Fana, prêtre portugais, dont les théories différent tota­lement de celles de Mesmer. »

 

Après avoir décrit la méthode d'hypnotiser de Faria, il continue : « Faria édifiait ainsi la base de la doctrine de l'Ecole de Nancy; ses adeptes étaient nombreux, mais le savant prêtre n'était pas assez charlatan pour résister à la critique et aux moqueries des incrédules. »

 

Et., après avoir fait une courte histoire de l'hypnotisme, il conclut (p. 10) : « En résumé l'histoire scientifique de l'hypnotisme se divise en deux périodes bien distinctes : l'ère du magnétisme animal et l'ère de l'hypnotisme : la première débute avec Paracelse, en 1529, et se termine en 1815 grâce à l'abbé Faria; la seconde débute avec l'abbé Faria et ne semble pas devoir se terminer si tôt. 42 »

(le docteur G.), professeur-agrégé à la Faculté de médecine de Montpellier, dans une intéressante conférence 43 faite à l'Hôpital géné­ral, dit :

« Faria n'est pas un charlatan. Il proclame qu'il n'a pas de propriété fluidique, qu'il n'exerce aucune influence personnelle. Il proclame que le sujet fait son hypnotisme à lui-même, qu'il n'y a rien dans le sommeil prétendu magnétique qui relève du surnaturel, du malin ou du divin. »

« Sans passes, sans gestes, il conseille le recueillement et le calme, il s'efforce d'isoler le sujet du monde extérieur, il éteint progressi­vement toute la sensibilité. Resté en unique communication avec l'hypnotiseur, le patient ne doit avoir qu'une pensée, qu'un désir, qu'un but : se laisser aller au sommeil. Alors, l’abbé dit, d'une voix forte : « Dormez ! » et après quelques secousses, le sujet s'endort. »

« Nous ne faisons pas davantage, ni mieux. »

 

« Le premier, du reste, Faria donne des sug­gestions : il les donne pendant le sommeil naturel, normal, et pendant le sommeil provo­qué. Le premier, par la suggestion, il fait l'ex­périence, depuis répétée sur tous les tréteaux par les magnétiseurs de profession, de l'halluci­nation gustative. et, sous son ordre, le sujet trouve un goût exquis à un breuvage insipide, prend de l'eau pour du lait, l'âcre piquette pour un vin généreux et franc. »

 

Et plus loin, le professeur affirme : « Dans nos cliniques, dans nos hôpitaux, dans la pra­tique, c'est la méthode suggestive, celle de l’abbé Faria, qui est seule employée. »

Bernheim (le docteur), professeur à la Faculté de médecine de Nancy et l'auteur le plus auto­risé de l'Ecole de Nancy, se réfère plusieurs J'ois à Faria dans ses diverses publications, commencées depuis 1884. Nous citerons ici seulement quelques passages de son dernier et plus important ouvrage :

« L'abbé Faria, dit-il 44 dégagea le premier, en 1889, ce phénomène (du somnambulisme) des langes de la magie et de la chimère qui en obscurcissaient la nature. »

« C'est, en réalité, lui qui le premier donna la conception nette et vraie des phénomènes de l'hypnotisme, qu'il appelait sommeil lucide. La cause de ce sommeil est, selon lui, dans la volonté du sujet. »

« A Faria appartient incontestablement le mérite d'avoir le premier établi la doctrine et la méthode de l'hypnose par suggestion et de l'avoir nettement dégagée des pratiques singu­lières et inutiles qui cachaient la vérité. Cependant l'abbé Faria ne fit pas école ; la vérité nue et simple ne pouvait s'imposer. De nos jours encore, on l'a bafoué du nom d'im­posteur. »

« Le sujet s'endort (ou est hypnotisé) lorsqu'il sait qu'il doit dormir, lorsqu'il a une sensation qui l’invite au sommeil. C'est sa propre foi, son impressionnabilité psychique qui l'endort. Cette vérité a été nettement établie par l'abbé Faria et surtout par le Dr Liébeault. »

« Pour Liébeault, comme pour Faria, la sug­gestion, c'est-à-dire l'idée introduite dans le cer­veau, est, on le voit, la clef de l'hypnose».

Résumé et observations finales. — Il est évi­dent, d'après tout cet exposé, que Faria est le premier :

A nier l'existence du fluide magnétique ;

A attribuer les phénomènes du somnambu­lisme à la condition anémique et à l'impression­nabilitê psychique du sujet hypnotisé ;

A découvrir le procédé suggestif ou psychique pour provoquer le somnambulisme ;

A pratiquer le même procédé suggestif pour faire cesser l'état somnambulique et le dédou­blement de la personnalité ;

A observer et décrire quelques symptômes nouveaux ;

A soutenir l'opinion que le sommeil ordi­naire et le sommeil lucide sont avec quelque réserve, de la même nature;

Et à proposer une théorie psychologique pour expliquer les phénomènes du somnambulisme;

Il est aussi le premier :

A donner des suggestions expérimentales et thérapeutiques d'une manière vraiment extraor­dinaire ;

Et à faire quelques autres observations très originales.

Quand on apprécie les études remarquables du savant abbé, on ne peut que regretter, avec le professeur Pitres, qu il n'ait pas vécu assez longtemps pour compléter son ouvrage.

Liébeault, comme nous avons vu, a suggéré le mot Fariisme pour indiquer les manifestations « les plus relevées » dans l'état hypnotique. Si on nous demandait une définition du Fariisme nous dirions simplement: c'est la doctrine de la suggestion, car, Faria est le seul et le véritable fondateur de la doctrine de la suggestion en hypnotisme.

Paul Janet définit la suggestion : « l'opé­ration par laquelle, dans le cas d'hypnotisme, on peut être dans certains états de veille à défi­nir ; on peut, à l'aide de certaines sensations, surtout à l'aide de la parole, provoquer dans un sujet nerveux bien disposé une série de phéno­mènes plus ou moins automatiques, le faire par­ler, agir, penser, sentir, comme on le veut; en un mot, le transformer en machine. 45» Cette définition paraît avoir été donnée par le savant psychologue pour exprimer et préciser les idées et les observations de Faria.

Pendant les dernières années de sa vie, Faria avait été abreuvé d'amertume à cause de sa doc­trine. Les magnétiseurs du jour le méprisaient comme un athée détestable dans leur église. Ils ne faisaient pas même mention de son nom dans leurs publications ; et le public le consi­dérait comme un charlatan 46.

 

Faria était, sans nul doute, un athée, « un ennemi qui avait porté dans le champ des magné­tiseurs le ravage et la désolation. » (p. 5) Sa réputation scientifique se base sur cette circons­tance : mais ce n'était pas un charlatan. Un homme, qui présente une vérité, qui établit les bases d'une doctrine qui constitue « une des grandes conquêtes scientifiques du siècle », qui découvre « une méthode thérapeutique d'une importance extraordinaire», ne peut pas être un charlatan. C'était un philosophe, aussi bien par le tempérament que par les études ; c'était, selon M. Jules Claretie, « un homme savant, plein de foi. »

 

Faria demande, dans son livre, des juges com­pétents pour apprécier le mérite de sa décou­verte. Ces juges il les a trouvés dans les hommes de science dont nous avons cité les opinions. « Sa doctrine était vraie » : elle a fait époque dans les annales humaines. « L'avenir lui a ré­servé une revanche éclatante. »

Dr. D.G. DALGADO


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PUYSÉGUR (S. M. G. de Chastenet, marquis de) 1751-1825 général et littérateur français, le plus célèbre disciple de Mesmer et auteur de « Mémoires pour servir A l'histoire du Magnétisme animal», (anonyme) en a vol., 1784 et 1785;—«Du Magnétisme animal », 2 éds. Paris, 1805 et 1820 ; — « Les fous, les insensés, les maniaques et les frénétiques ne seraient-ils que des somnambules désordonnés?» Paris, 1812 ; et de quelques autres publications de moins d'importance. DELEUZE (G.-P.-F.) 1753-1845, naturaliste français, bibliothé­caire du Muséum d'histoire naturelle, et un des savants les plus estimés de son temps ; son « Histoire critique du Magnétisme animal », 2 vol., 2 éds, Paris, 1813 et 1819, est le meilleur ouvrage pour savoir l'exact état du magnétisme animal à cette époque. Pour ses autres publications et pour plus de détails sur les trois auteurs on peut consulter la « Nouvelle Biographie générale. »


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1. Les contemporains les plus distingués de Faria, 1756-1819, sont : Mesmer, Puységur et Deleuze. MESMER, 1733-1815, docteur en médecine de l'Université de Vienne, fondateur du mesmérisme et auteur du « Mémoire sur la découverte du Magnétisme animal *, Genève et Paris, 1779.

2. MESMER, Op. cit., p. 77.

3. Op. cit., « Mémoires », vol. I. p. 8.

4. Puységur, op. cit. « Du Magnétisme animal », 2° éd., p. 133.

5. Brown-Séquard et quelques autres auteurs ont attribué à Faria l'opinion que l'imagination est la cause des phéno­mènes du somnambulisme.

6. Braid a confirmé cette expérience vingt-quatre ans après la mort de Faria.

7. « Mémoire sur le Somnambulisme et le Magnétisme animal », adressé en 1820 à l'Académie royale de Berlin, et publié en 1854 par le général Noizet. Comme Faria n'a pas pu compléter son ouvrage, nous aurons occasion de citer souvent ce « Mémoire », dans lequel son auteur, avec une rare probité littéraire, attribue à Faria toutes les idées qu'il tenait de lui.

8. Pour se rendre compte de l'état de science sur ces deux matières on peut consulter « De la Physiologie du système nerveux et Maladies nerveuses », par M. Georget, 2 vol. Paris, 1821.

9. « Du sommeil et des états analogues », Paris-Nancy, 1866. p. 18.

10. « Die Entdeckung des Hypnotismus », Berlin, 1881, p. 5.

11. « L'hypnotisme scientifique, » 2eéd., Paris, 1901, p. 23

12. Voir R. Heidenhein. « Der sogenante thierische Magne-tismus, physiologische Beobàchtungen, » Leipzig, 1880.

13. Pour les procédés de Mesmer on peut consulter l'arti­cle « Mesmérisme » par Dechambre, dans le « Dictionnaire encyclopédique des Sciences Médicales », 2e série, t. VII, Paris 1873.

14. Op. cit., « Mémoires », vol. I. p. 33.

15. Op. cit. « Du magnétisme animal », 2e éd. p. XVII.

16. Op. cit., vol. I. p. 164. Toutes les citations de sont de l'édition de 1 813.

17. « Neurypnologie : Traité du somnambulisme nerveux ou hypnotisme » par James Braid, traduit (sur l'édition de 1843) par le Dr Jules Simon, Paris, 1883, pp. 15 et 33. L'ori­ginal, éd. anglaise pp. 6 et 27.

18. Op. cit., p. 175.

19. Op. cit. « Du magnétisme animal », 2e édit., p. 151.

20. Op. cit., p. 177.

21. NOIZET. Op. cit., p. 20.

22. c L'hypnotisme et la suggestion » (communication au XIIe Congres International de Médecine, à Moscou). Paris, 1897, p. 9 et 11.

23. Seméiologie du système nerveux, in « Traité de patho­logie générale », de Ch. Bouchard, Paris, 1891. Tome V. p. 388.

24. Deleuze. loc. cit., p, 179.

25. Les mots employés par Faria pour indiquer la sugges­tion sont « la parole », « le commandement », « la direction » et « l'ordre ».

26. Voyez à cet égard p. 313.

27. Binet et Féré. « Le Magnétisme animal », Paris, 1887, p. 211.

28. Noizet, op. cit., p. 110.

29. Op. cit., p. 253.

30. NOIZET, op.   cit., p. 110.

31. Doctrine phréno-hypnotique développée plus tard par quelques hypnotiseurs; elle manque de démonstration scien­tifique.                                                                           ;

32. Op. cit., p. 113.

33. Deleuze, op. cit., 1er vol. p. 72.

34. Braid a répété et confirmé ces expériences.

35. Op. cit., p. 150.

36. Voirie « Traité complet du magnétisme animal », par le baron Du Potet, 3e éd. Paris, 1856, p. 563, pour les opéra­tions chirurgicales pratiquées sous l'influence d'insensibi­lité produite par l'hypnotisme, à Cherbourg (1832), à Cal­cutta (1845), et à Poitiers (1847).

37. Sur les divers états nerveux déterminés par l'hypnotisa­tion chez les hystériques. « Comptes rendus de l'Académie des sciences», 1883, 1er semestre, p. 403.

38. Dans la préface à la traduction de « Neurypnologie », op. cit., p.VII

39. « Journal du Magnétisme », nº 10, mai 1886, p. 99.

40. « L'hypnotisme et les états analogues », 2eéd., Paris, 1889. p. 18 et suiv.

41. « Leçons cliniques sur l'hystérie et l'hypnotisme », Paris, 1891. T. II, p. 78

>42 Op. cit., 1re éd., 1896, p. 6.

43. L'Hypnotisme et les suggestions hypnotiques, dans « Le Nouveau Montpellier médical », nº de 8, 15 et 22 septem­bre 1901, voir pp. 3oo et 326.

44. « Hypnotisme, suggestion, psycho-thérapie », 2e édition, Paris, 1903, pp. 22, 68, 87, 91 et 92.

45. De la suggestion dans l'état d'hypnotisme. « Revue politique et littéraire, a6 juillet 1884, p. 10a.

46. C'est seulement depuis 1887, grâce aux ouvrages des D'sBernheim et Gilles de la Tourette, deux illustres repré­sentants de deux Ecoles distinctes, qu'on a commencé a rendre justice à la personne et à la doctrine de Paria, 

 

Mystérieux présage pour les années à venir

Le 15/11/2017

 

 

FIN

Le 12/11/2017